Le jeu vidéo étant devenu un divertissement extrêmement populaire, de nombreux universitaires ont voulu se pencher sur cette activité afin d'en évaluer les effets sur le comportement du joueur ou sur ses capacités cognitives. Il faut dire que le sujet est passionnant. L'immersion permise par les avancées technologiques est spectaculaire, à l'image des graphismes qui se rapprochent année après année de la réalité.
Aujourd'hui, il existe une littérature scientifique très fournie sur le sujet. Le problème, c'est que toutes les études produites jusqu'à présent n'aboutissent pas à la même conclusion. En fait, elles s'opposent souvent entre elles, ce qui ne facilite pas la tenue d'un débat apaisé, surtout lorsque des faits divers sordides apparaissent sporadiquement et mettent en accusation le jeu vidéo.
Ainsi, certaines études ne constatent aucun lien avéré de causalité entre la pratique du jeu vidéo et une évolution, même temporaire, du comportement, de l'état d'esprit ou des capacités cognitives du joueur. D'autres recherches affirment avoir remarqué des effets positifs (sur les rêves, sur les personnes âgées, sur le bien-être, sur le développement cérébral, sur les enfants…).
Enfin, certains travaux soulignent qu'en marge des effets positifs voire thérapeutiques qui peuvent être remarqués, il existe aussi une pratique ayant un impact néfaste sur le joueur. C'est le cas par exemple d'une étude menée en 2012 ayant mobilisé des chercheurs aux USA, en France et en Allemagne. Selon elle, les jeux vidéo violents augmenteraient l'agressivité des joueurs avec le temps.
Or, il apparaît aujourd'hui que cette conclusion est soutenue par une autre analyse, signalée par PS Mag, qui a impliqué cette fois trois universitaires italiens, un chercheur américain et un expert néerlandais. Selon eux, "les jeux vidéo violents glorifient et récompensent les comportements immoraux (assassinat, agression, viol, vol, incendie criminel, vol de véhicule)" et ont des répercussions sur l'attitude du joueur.
Self-control, triche, agressivité…
Attention, toutefois. Il ne s'agit pas de dire ici qu'une partie à un jeu vidéo violent va donner naissance à un tueur ou à un délinquant patenté. En revanche, les chercheurs ont voulu vérifier si ces jeux favorisent divers comportements immoraux ou asociaux (comme le manque de self-control, la triche ou l'agressivité), selon la théorie du désengagement moral.
Dans ce cadre, 172 lycéens ont participé à cette étude. Ils ont joué pendant dix minutes à un jeu vidéo violent (Grand Theft Auto III ou Grand Theft Auto San Andreas) et trente-cinq minutes à un jeu vidéo non-violent (Pinball 3D ou Mini Golf 3D). Au cours de cette expérience, les chercheurs ont observé l'attitude des joueurs dans quatre situations différentes.
- La première consistait à constater la maîtrise de soi. Pendant la partie, les joueurs avaient à disposition un bol de friandises (M&M's) dans lequel ils pouvaient puiser à loisir. Ils ont toutefois été avertis que c'était malsain d'en manger trop et trop vite. Le self-control a pu être étudié en fonction du poids des bonbons qui n'ont pas été consommés.
- La deuxième visait à voir leur engagement moral après une partie. Un questionnaire avec une grille allant de 1 ("pas du tout d'accord") 7 ("tout à fait d'accord") a été fourni, avec diverses propositions (par exemple : "c'est préférable d'insulter un camarade de classe, parce que lui casser la figure est pire").
- La troisième s'est penchée sur la triche. Les joueurs pouvaient gagner des billets de tombola pour obtenir des prix attractifs (comme un iPad). Ils pouvaient obtenir un billet de tombola à chaque fois qu'ils répondaient à un problème, sans que la réponse ne soit manifestement vérifiée.
- La quatrième a évalué l'agressivité des joueurs à travers un petit jeu, dans lequel le perdant se voyait infliger une sanction sonore par le gagnant, via des écouteurs. Là encore, ceux ayant joué à des jeux vidéo violents ont eu plus tendance à infliger des sanctions à un volume élevé par rapport à ceux ayant joué à des jeux non violents.
Pour les chercheurs, "les résultats ont montré que les jeux vidéo violents ont diminué la maîtrise de soi et favorisé l'augmentation de la fraude et de l'agressivité". Cependant, ils ont aussi noté que ce phénomène a été particulièrement marqué pour les personnes ayant déjà un haut niveau de désengagement moral.
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