C'est un choix qui va faire couler beaucoup d'encre, tant le virage est inattendu. Ce mardi, la fondation Mozilla a annoncé dans un billet de blog qu'elle allait prochainement intégrer de la publicité dans Firefox. Dans une mise à jour ultérieure, le navigateur web libre affichera des encarts publicitaires sous la forme de tuiles regroupées dans un onglet dédié, baptisé "Directory Tiles" ("répertoire des tuiles").
Selon les explications de Darren Herman, l'existence de ces encarts publicitaires sera très brève. Lorsqu'un nouvel utilisateur démarrera Firefox pour la première fois, le navigateur présentera des "tuiles" suggérant des sites web à visiter, qui pourront être des sites de Mozilla lui-même, des sites populaires dans la région géographique de l'internaute ou des sites qui paient pour être mis en avant dans Firefox.
Ces tuiles remplaceront en fait les encarts qui apparaissent lorsqu'un usager ouvre un nouvel onglet ou démarre Firefox, mais qui sont vides lorsque le navigateur est lancé pour la première fois, vu que ce dernier n'a pas encore d'historique à explorer ni de marque-page à utiliser. Ainsi, au lieu de présenter neuf tuiles vides, Mozilla compte afficher des rectangles pré-remplis.
Au bout de quelques heures de navigation, ces tuiles publicitaires seront progressivement remplacées par l'historique et les marque-pages de l'internaute, puisque ces raccourcis sont en fait basés sur les activités en ligne de l'internaute.
Pour Mozilla, c'est une expérience plus intéressante que celle proposée actuellement, dans la mesure où lors du premier lancement, Firefox n'a aucune donnée sur laquelle s'appuyer.
Le pragmatisme de Mozilla
Le remplissage des espaces vides par des sites sponsorisés, que Mozilla sélectionnera au préalable afin d'éviter d'afficher des contenus inappropriés, est-il choquant ? IL apparaît en tout cas comme très pragmatique.
En effet, la fondation n'ignore pas qu'elle est excessivement dépendante de Google, qui finance la quasi-totalité de son budget, en échange de quoi Mozilla a accepté de faire de Google son moteur de recherche par défaut.
Mais comme le dit l'adage, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
La fondation Mozilla ayant conscience que son partenariat avec Google risque tôt ou tard de ne plus être renouvelé, elle est contrainte d'envisager de nouvelles sources de financement. Or, en l'état actuel des choses, la publicité apparaît comme une solution à la fois viable, disponible et immédiatement utilisable.
Selon Mozilla, le programme des "Directory Tiles" fait suite à des contacts avec l'International Advertising Board (IAB), une enceinte dans laquelle se décident les grandes tendances et les standards pour la publicité en ligne. Surprenant ? Pas aux yeux de la fondation Mozilla, qui ne veut pas raisonner de façon binaire sur la publicité.
On se souvient ainsi des explications de Tristan Nitot, responsable de Mozilla à l'échelle européenne, qui, tout en reconnaissant qu'il y a une vraie attente des internautes concernant la vie privée, sait aussi que "la survie de tout cet écosystème passe par celle des acteurs économiques, et donc des régies publicitaires". Et visiblement, ça concerne aussi la survie de Mozilla.
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