Interrogé lors du Mobile World Congress de Barcelone par BFM Business, le PDG d'Orange Stéphane Richard a confirmé que des discussions étaient toujours en cours avec Microsoft pour nouer un partenariat autour de Dailymotion, visant à créer un concurrent de poids à YouTube. "On a des discussions qui se poursuivent, en particulier avec [Microsoft], ce qui ne veut pas dire forcément qu'on arrivera à un accord, mais j'ai bon espoir qu'on y arrivera", a-t-il concédé.
"Cela fait beaucoup de sens, pour nous et pour Microsoft, de parvenir à un accord, qui est d'abord un accord industriel", a précisé Stéphane Richard.
Comme l'a demandé le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, selon nous avec raison, il ne sera toutefois pas question de céder une part majoritaire de Dailymotion à Microsoft. Orange entend en effet garder au moins 50 % des parts de l'éventuelle filiale commune, ce qui avait été la raison principale (ou tout du moins officiel) de l'échec de la vente à Yahoo.
"Nous souhaitons rester maître du destin de Dailymotion, qui est une belle réussite de l'internet français, et qui je crois peut encore profiter à l'écosystème de l'innovation en France", explique le patron d'Orange. Il précise cependant que le désir de contrôle du site de vidéos en ligne est une condition posée "jusqu'à nouvel ordre", ce qui ouvre la porte à un changement de stratégie à l'avenir.
D'AUTRES PISTES EN FRANCE DANS "LE MONDE DES CONTENUS"
Ne souhaitant pas attendre que Microsoft se décide à signer un accord, Stéphane Richard ajoute toutefois qu'il existe d'autres partenaires en vue, avec lesquelles des discussions sont en cours. Y compris français, "plutôt dans le monde des contenus".
On pense bien sûr immédiatement à Vivendi et ses filiales Canal+ et Universal Music, qui pourraient être intéressés par une exploitation de Dailymotion, à la fois pour tenter de faire concurrence à l'arrivée imminente de Netflix, et pour être mois dépendants de YouTube qui est aujourd'hui le premier fournisseur de vues sur les clips de la plus grosse maison de disques du monde. En fin d'année dernière, Canal+ avait cependant misé sur YouTube plutôt que sur Dailymotion pour diffuser ses contenus.
"Demain, l'avenir des sites comme Dailymotion ou YouTube, c'est d'aller vers des contenus payants de qualité", prévient Stéphane Richard.
Un autre candidat au rachat partiel pourrait être TF1, qui avait tenté de faire de l'ombre à Dailymotion en créant en 2006 son propre site de vidéos WAT.tv. A l'époque, des discussions avaient eu lieu entre Dailymotion et TF1, pour que la filiale du groupe Bouygues prenne en charge la commercialisation des espaces publicitaires du site de vidéos. Mais les discussions avaient échoué. Obtenir l'inventaire de vidéos de Dailymotion pourrait être une opportunité coûteuse, huit ans plus tard, d'écouler les publicités qui font moins recette à la télévision, et d'étendre plus rapidement son marché à l'international. La chaîne française, elle aussi, pourrait voir d'un bon oeil de créer une concurrence à Netflix.
Rappelons aussi qu'en disant s'exprimer à titre personnel, le directeur des activités numériques de TF1 avait plaidé pour la création d'un Hulu à la française, inspiré par le succès de la plateforme américaine qui permet de regarder films et séries TV en illimité gratuitement ou contre un abonnement modique. Dailymotion pourrait éviter d'avoir à créer une plateforme et une marque de toutes pièces.
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