Avant que BitTorrent ne devienne le principal outil de téléchargement de films et de logiciels piratés sur Internet, eDonkey avant encore la primeur des internautes. Dès le début des années 2000, des sites se sont montés pour proposer aux amateurs des liens (« hash ») de téléchargement sur le réseau eDonkey, aujourd’hui largement dominé par eMule. Le plus important de ces sites de liens fut probablement ShareReactor, fermé suite à une action des autorités suisses en mars 2004.
Comme toujours lorsque l’on coupe une tête du P2P, au moins deux repoussent et créent une « bête » toujours plus puissante. ShareConnector est ainsi né de la volonté de suppléer ShareReactor, mais le nouveau site basé aux Pays-Bas n’a pas fait long feu. Dès décembre 2004, la RIAA hollandaise, le BREIN, a pu célébrer la fermeture de ShareConnector, et mettre fin à la grande époque d’eDonkey pour donner un grand coup de boost aux trackers BitTorrent. Depuis, les nouvelles concernant ShareConnector étaient sporadiques. Mais Slyck nous apprend que le procès de l’administrateur du site hollandais doit s’ouvrir vendredi à Rotterdam.
L’administrateur et propriétaire de ShareConnector est appelé à comparaître pour faits de « complicité de violation professionnelle du droit d’auteur et participation à une organisation criminelle« . On en viendrait à croire que le pirate hollandais est suspecté d’être l’Al Capone de l’industrie du divertissement. Mais, indique Slyck « ShareConnector débute son combat pour la survie vendredi avec un certain optimisme« . Le site du criminel n’a jamais hébergé le moindre fichier pirate, mais uniquement des liens permettant éventuellement de télécharger les contenus référencés, si et seulement si d’autres utilisateurs les partagent. La faute de ShareConnector n’est donc qu’indirecte, et surtout rien ne permet d’affirmer dans la loi que des liens qui permettent d’identifier un contenu sur un réseau sont effectivement illicites (voir une réflexion en ce sens de janvier 2005). Le tribunal de Rotterdam aura la lourde charge de créer une jurisprudence en la matière.
Il pourrait s’inspirer, pour accuser ShareConnector, de la théorie de l’intention coupable, qui a déjà présidé récemment aux Pays-Bas à la condamnation d’un moteur de recherche de fichiers MP3. Mais il pourrait au contraire être aidé, en faveur de ShareConnector, par la maladresse des plaignants. Le dossier d’accusation indique faussement que des copies de films étaient présentes sur le serveur de ShareConnector, ce qui est faux, assure l’administrateur du site. Ce dernier, qui clame l’injustice, compte donc contre-attaquer pour dénonciation calomnieuse.
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