La Commission de la Concurrence d'Inde pourrait infliger jusqu'à 5 milliards de dollars d'amende à Google, si elle confirme que le géant américain abuse de sa position ultra-dominante pour nuire à la libre concurrence.

Alors que la Commission Européenne se ridiculise avec un accord grotesque qui ne fera que conforter l'abus de position dominante de Google, l'Inde a la possibilité de rappeler au monde entier ce qu'est une puissance publique qui n'a pas encore renoncé à tout pouvoir de régulation économique face aux multinationales.

L'International Business Times rapporte ainsi que la Commission de la Concurrence d'Inde (CCI), qui enquête sur les pratiques antitrust de Google depuis plus de deux ans, pourrait infliger une amende de 5 milliards de dollars à Google si son enquête confirme que le géant américain abuse de sa position dominante pour réduire la lisibilité de ses concurrents et imposer ses propres solutions sur le marché.

Aux Etats-Unis, où Google a environ 65 % de parts de marché sur les moteurs de recherche, la procédure antitrust lancée par la FTC avait abouti à des modifications mineures de ses pratiques commerciales, et avait permis au géant américain de ne rien changer à sa manière de mettre en avant les résultats issus de ses propres services spécialisés (Maps, Flights, Shopping, News,…), au détriment des services concurrents équivalents.

97 % de parts de marché en Inde

En Europe, où Google représente environ 90 % de parts de marché, la Commission avait la possibilité d'infliger également jusqu'à 5 milliards d'euros d'amende à Google. Mais le lobbying de Google lui a permis de signer un accord, pas encore entré en vigueur, qui le dispense de toute amende et lui permet de continuer à mettre en avant ses services, tout en faisant payer les concurrents lésés qui souhaiteraient bénéficier du même traitement. Dit autrement, la Commission permet à Google de faire de sa position dominante un produit marchand comme un autre, et renonce à toute régulation efficace.

En Inde, Google représenterait 97 % de parts de marché. Les effets de son quasi monopole sur l'économie numérique y sont donc particulièrement ressentis.

Le Google de 2014 est beaucoup moins un moteur de recherche qu'un hébergeur de réponses, et tout l'intérêt commercial de Google est désormais de faire en sorte que le moteur de recherche qui a fait sa fortune conduise vers les réponses qu'il héberge lui-même.

Par ailleurs, une telle emprise d'un seul acteur privé sur la quasi totalité des recherches faites par les internautes dans un pays pose d'évidentes questions de responsabilité économique d'une ampleur inédite dans l'histoire, et de responsabilité démocratique dans l'impact que peuvent avoir les choix des réponses affichées à une requête. Or ce sont des questions fondamentales qui ne sont encore que très peu adressées par les acteurs politiques, et négligées par les régulateurs économiques.

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