Vous souvenez-vous du principe de Batman, intégré notamment dans les Piratebox ? Le protocole permet d'établir un réseau maillé (ou "mesh") en utilisant des connexions directes entre appareils, pour créer une sorte de réseau internet local dont la taille dépend du nombre des appareils ainsi interconnectés. Plus il y a d'appareils reliés entre eux, plus le réseau est stable et riche.
Discrètement, Apple a implémenté dans iOS 7 son propre protocole de mesh P2P, qu'il appelle "Multipeer Connectivity Framework", qui permet de relier les iPhone et iOS entre eux sans passer par Internet. Tous les téléphones et tablettes iOS qui rejoignent le réseau multipeer le font en se connectant à leurs semblables en utilisant une connexion directe, par WiFi ou Bluetooth.
Le réseau formé reste alors invisible pour ceux qui n'y sont pas connectés, et il est possible d'y envoyer des messages, de streamer des données (vidéos, musique…), de partager des fichiers, etc. Les données peuvent être transférées par l'intermédiaire de plusieurs appareils iOS, qui servent de noeuds au réseau, ce qui permet de communiquer entre appareils qui ne sont pas physiquement proches l'un de l'autre, mais qui sont reliés par une chaîne d'appareils. L'application Airdrop d'Apple fonctionne avec ce protocole.
Pas de censure possible
Sortie le 20 mars dernier, FireChat serait selon Cult Of Mac la première application iOS (ou l'une des toutes premières) à utiliser ce framework Multipeer Connectivity. Il s'agit d'une application de messagerie instantanée qui fonctionne sans Internet, directement d'appareils à appareils. Elle a été développée par Open Garden, une start-up californienne spécialisée dans la connectivité des appareils mobiles, et est déjà numéro 1 des applications de messagerie iOS en Australie.
Les avantages d'une telle technologie de mesh P2P sont principalement la prise de contrôle par les utilisateurs de leur propre réseau de communication, ce qui pourrait être très recherché par les jeunes générations fatiguées d'un "web 2.0" ultra dominé par les plateformes centralisées comme Facebook ou Google.
Avec le mesh P2P, il n'y a plus besoin de passer par un fournisseur d'accès à internet ou un opérateur téléphonique, et les communications se font anonymement, sans interceptions par les services de renseignement, ni vérification possible de la légalité des transferts par une Hadopi ou consort. Il n'est plus possible non plus de censurer les contenus, puisqu'il n'y a plus de censeur qui contrôle les voies de communication. Enfin, les réseaux restent accessibles là où il n'y a pas un accès à Internet fiable, par exemple dans les transports en commun.
En revanche, les contenus et services disponibles y sont par définition beaucoup moins nombreux, et seuls les utilisateurs connectés à un même réseau peuvent communiquer ensemble. Ce qui ne sera pas nécessairement un défaut si émerge le désir de recréer de petites communautés autonomes face à un Internet devenu trop gros et trop commercial.
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