Et si le logiciel libre contribuait à la réduction du déficit public ? Alors que le plan d'économies de 50 milliards d'euros présenté la semaine dernière par Manuel Valls ne suscite pas un enthousiasme débridé dans sa famille politique, certaines pistes contribuant à restreindre les dépenses de l'État sans nuire au niveau d'exigence de l'action publique méritent d'être envisagées avec sérieux.
Au niveau de l'État, l'exécutif veut économiser 18 milliards d'euros. Comme le note le quotidien Les Échos, les pouvoirs publics comptent déjà agir au niveau des dépenses informatiques en les baissant de 20 à 40 % d'ici trois à cinq ans en planifiant une "meilleure gestion […] des achats et des systèmes d'information". Il est également question d'effectuer un "tri drastique" dans ses 130 centres de traitement de données.
Mais si l'État cherche à comprimer fortement ses dépenses en informatique, la recette exacte pour y parvenir n'est pas donnée. Selon le dernier Comité interministériel de la modernisation de l'action publique, et cité par Les Échos, les économies liées à ces chantiers d'optimisation avaient été chiffrées entre 2 et 3 milliards à horizon 2017, mais cela prenait en compte la gestion optimisée du parc immobilier.
Le coût du logiciel propriétaire
Le logiciel libre sera-t-il l'un des leviers que le gouvernement actionnera pour obtenir de substantielles économies au niveau informatique ? Le plan de Manuel Valls n'en fait pas mention. Toutefois, vu le poids du logiciel propriétaire, des perspectives d'économie existent. Ainsi, selon les estimations du ministère du budget, les programmes fermés ont coûté 1,5 milliard d'euros entre 2007 et 2011.
Il ne s'agissait alors que d'une évaluation générale, car certaines dépenses n'avaient pas été prises en compte dans le calcul, comme les administrations publiques hors État et la centrale d'achat publique française UGAP, au regret de l'APRIL.
Dans ce domaine, le poids de Microsoft avait été remarqué. Toujours selon le ministère du budget, la dépense en logiciels de la société américaine (incluant l'acquisition et la maintenance) a été évaluée à un montant global de 53,9 millions d'euros pour l'année 2011. Cela comprend les logiciels pré-installés, les achats de licence et les locations de licences et de services.
Des économies potentielles… mais limitées ?
Si le basculement général de l’État dans le monde du logiciel libre est souhaitable ne serait-ce que pour des considérations économiques, y a-t-il encore assez de logiciels propriétaires utilisés par les pouvoirs publics pour qu'une telle transition ait un impact significatif ? Car en effet, de nombreux ministères font déjà appel aux logiciels libres, à différents niveaux.
En outre, certains logiciels n'ont peut-être pas nécessairement d'équivalents dans l'univers du logiciel libre. C'était ce qu'a par exemple laissé entendre le ministère de la défense, où des logiciels peuvent avoir été développés spécifiquement pour certains équipements électroniques ou pour certaines tâches très précises… comme Louvois, qui a causé énormément de problèmes aux armées.
Enfin, le logiciel libre peut aussi avoir un coût. Si l'acquisition du programme est généralement gratuite, il peut y avoir des dépenses de support. Pour l'année 2012, le ministère de l'éducation a ainsi avancé le nombre de 220 000 euros pour des prestations de support aux logiciels libres. Des frais que l'on retrouve aussi dans d'autres maroquins, même s'ils sont relativement faibles.
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