En début d'année, le Sénat et l'Assemblée Nationale ont modifié en première lecture le projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, pour y ajouter un article qui vise à punir pénalement le fait de "tenter d'empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption de grossesse ou les actes préalables", notamment par "pressions morales ou psychologiques". Nous avions alors expliqué que la disposition, qui n'est pas encore entrée en vigueur (le texte doit encore passer en seconde lecture à l'Assemblée), vise notamment à condamner les sites anti-IVG qui sont très bien référencés sur Google, et qui cherchent à dissuader les femmes de pratiquer un avortement.
Le 20 janvier dernier, au moment de la publication de notre article, le site IVG.net qui est le plus populaire des sites anti-IVG apparaissait toujours en tête des résultats de Google France, devant le site officiel mis en place par le Gouvernement, IVG.gouv.fr. C'était également le constat fait l'an dernier dans un rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, au point que la ministre Najat Vallaud-Belkacem avait demandé de l'aide aux internautes pour faire remonter son site officiel en tête des résultats de Google.
Avec une rapidité étonnante, le site officiel du gouvernement sur l'IVG est arrivé dès le lendemain en tête des résultats de Google en France, doublant IVG.net. Un fait qui démontre l'enjeu politique et sanitaire des résultats offerts par le moteur de recherche, tant l'influence du premier lien peut être grande. "C'est quelque chose de très positif et qui va dans le sens de l'objectif recherché par le ministère, à savoir, donner une information fiable sur l'IVG", s'était félicité le cabinet de la ministre de la santé Marisol Touraine :
Par ailleurs, Le Monde rapporte qu'aux Etats-Unis, google a sanctionné les publicités AdWords pour des sites anti-avortement, au motif qu'ils visaient à fournir une information contraire à celle recherchée :
C'est une plainte d'une association américaine « pro-choix », défendant le droit à l'avortement, qui a mis la puce à l'oreille à Google. Naral a en effet recherché, sur le moteur de recherche, les mots-clés « clinique avortement » y ajoutant tour à tour le nom de soixante-dix villes des Etats-Unis. Résultat : 79 % des publicités apparaissant à la suite de ces recherches renvoyaient vers des organisations anti-avortement, qui mènent, selon l'association, « une campagne délibérée de désinformation »
Censure d'intérêt public, ou atteinte au droit d'informer ? L'utilisation des instruments de Google pour lutter contre l'avortement n'est en soi pas très différente de l'utilisation que font les associations anti-IVG des trottoirs publics, lorsqu'elles défilent pancartes à la main devant les cliniques qui pratiquent l'avortement. Toute la question, qui deviendra de plus en plus importante, est de savoir si Google et d'autres services en ligne fortement utilisés comme Google, doivent être considérés comme maîtres en leur royaume privé, ou si leurs services font partie d'une nouvelle forme "d'espace public" sur lequel les droits fondamentaux doivent être respectés.
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