Dimanche dernier, la chaîne d'information américaine Fox News affirmait que le régime iranien avait banni l'application de messagerie instantanée WhatsApp, pour des motifs clairement antisémites liés au rachat de WhatsApp par Facebook. Abdolsamad Khorramabadi, le directeur de la "Commission sur les Crimes Internet", aurait en effet déclaré que "la raison (de ce blocage) est l'appropriation de WhatsApp par le fondateur de Facebook Marck Zuckerberg, qui est un Américain sioniste".
Certes, comme nous le répétons systématiquement à l'encontre de ceux qui veulent censurer l'antisionisme, il ne faut jamais confondre antisionisme et antisémitisme. Mais en l'espèce Mark Zuckerberg ne s'exprime jamais publiquement pour défendre la politique de colonisation d'Israël, et c'est donc sa seule qualité de Juif (pourtant loin d'être radical) qui lui vaut d'être ainsi qualifié de "sioniste", si la citation est exacte.
Cependant, il n'y a pas eu de blocage effectif de WhatsApp en Iran. La Commission dirigée par Khorramabadi ne peut pas décider seule d'une telle mesure et le gouvernement iranien, sous l'impulsion du président Hassan Rouhani, a dit publiquement qu'il s'y opposait. Dès samedi, le président publiait deux messages, l'un sous un compte qui lui est directement associé, l'autre associé à sa famille, pour s'opposer à la censure de WhatsApp :
As I have told @camanpour, my efforts are geared to ensure my ppl will comfortably be able to access all info globally, as is their #right.
— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) 3 Mai 2014
#Iran Communications Minister: Government of #Prudence & #Hope fully opposed to filtering of WhatsApp
— Meet Iran (@MeetIran) 3 Mai 2014
Dans son message rédigé comme toujours en anglais pour s'adresser à l'étranger, Hassan Rouhani fait allusion à une interview qu'il avait livrée à CNN en septembre dernier, dans laquelle le successeur de Mahmoud Ahmadinejad promettait que "tous ses efforts visent à faire en sorte que le peuple d'Iran puisse accéder et utiliser confortablement toute l'information au niveau mondial".
Effrayé par les révolutions arabes et les mouvements de révolte en Iran en 2009, facilités par les réseaux sociaux, le régime avait décidé de censurer de nombreux sites internet, dont Facebook, Twitter ou même Gmail. A son arrivée au pouvoir en août 2013, Hassan Rouhani avait envoyé des signaux d'ouverture à l'occident. Mais malgré ses promesses, les sites comme Facebook restent bloqués.
Entre faits et déclarations d'intentions, il est donc très difficile de comprendre la politique d'Hassan Rouhani en matière de censure sur Internet. Pour le moment, WhatsApp reste accessible.
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