La Russie va-t-elle suivre le même chemin que la Turquie, et bloquer l'accès aux réseaux sociaux les plus populaires du monde ? Si rien n'est décidé, la question semble faire son chemin au moment où les relations entre la Russie et l'occident sont de nouveau très tendues, 25 ans après la chute du mur de Berlin.
Le Wall Street Journal rapporte en effet que Maxim Ksenzov, directeur-adjoint du Roskomnadzor (le CSA russe également en charge des télécommunications), a déclaré dans le très populaire quotidien Izvestia qu'il suffirait de "quelques minutes" pour bloquer Twitter ou Facebook en Russie. "Nous n'y voyons pas de risques majeurs", aurait-il expliqué. "Si à un moment donné nous estimons que les conséquences du fait de couper les réseaux sociaux sont moins importantes que les dommages faits par les positions non-constructives des responsables des entreprises internationales,à alors nous ferons ce que la loi nous impose de faire".
"Allumer le cerveau"
Cependant, ses déclarations ont été immédiatement accompagnées d'une gifle magistrale distribuée par le premier minister Dmitri Medvedev. "En tant qu'utilisateur actif sur les médias sociaux, j'estime que tout le monde doit respecter la loi russe, à la fois les réseaux eux-mêmes et les utilisateurs. Mais les fonctionnaires responsables du développement de l'industrie doivent parfois allumer leur cerveau. Et non pas donner des interviews qui annoncent le blocage de médias sociaux", a-t-il écrit… sur Facebook. Mais il ne dément pas que cette solution ultime pourrait être mise en oeuvre en cas de besoin.
Le Kremlin lui-même s'est distancé des propos de Maxim Ksenzov, lequel a précisé dans une autre interview à une agence de presse qu'il cherchait uniquement à "envoyer un signal" aux géants américains du web, qui ne dialogueraient pas assez avec les autorités russes. Le Roskomnadzor souhaite que les réseaux sociaux mettent en place avec plus de diligence les censures de contenus imposées par la loi russe — ce qui dans la forme n'est pas très différent des appels lancés en France par Manuel Valls, les menaces de blocage en moins.
L'an dernier, la Russie a adopté une loi très contestée qui impose de bloquer des contenus violents, pornographiques ou "extrémistes".
Les déclarations Ksenzov interviennent par ailleurs dans un contexte très particulier, avec la fuite du créateur de VKontakte, le Facebook russe, qui avait dévoilé son refus de collaborer avec les autorités pour surveiller certaines cibles en Ukraine. La société serait désormais dirigée par des proches de Vladimir Poutine. Si elle venait à bloquer Facebook et Twitter, la Russie donnerait un avantage concurrentiel indéniable au site s'il contrôle. A condition que le filtrage soit efficace, ce qui est est loin d'être certain…
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