De longues années après YouTube, qui a inauguré dès 2007 son système Content ID, la plateforme de vidéos en ligne Vimeo a annoncé mercredi qu'elle mettait à son tour en place un logiciel chargé de détecter automatiquement les vidéos qui violent les droits d'auteur de tiers. Baptisé "Copyright Match", le système développé avec Audible Magic se base exclusivement sur la bande sonore pour identifier les vidéos qui reprennent des contenus protégés par le droit d'auteur.
Jusqu'à présent, Vimeo avait toujours refusé de mettre en place ce type d'outils, estimant que les contenus qui étaient envoyés sur sa plateforme étaient de toute façon pour une grande majorité des contenus créatifs originaux, qui présentaient moins de risques de contrefaçon que sur des sites plus grand public comme YouTube ou Dailymotion. Mais il assure que sa croissance, avec désormais 26 millions d'utilisateurs enregistrés, le contraint à mettre en place un système semi-automatisé pour empêcher les violations de droits d'auteur avant que les vidéos ne soient mises en ligne.
De façon plus pragmatique, Vimeo a lancé il y a quelques mois son service de VOD payant "Vimeo On Demand" (la plateforme choisie par Joss Whedon pour proposer son dernier film avant la sortie en salles), ce qui l'oblige à donner des gages aux producteurs qui y diffusent leurs contenus. Il doit aussi s'assurer que personne n'utilise le service pour vendre des films ou séries qui ne leur appartiennent pas.
Juge à la place du juge
Mais Vimeo se dit conscient des dérives du "robocopyright", c'est-à-dire de l'automatisation de la justice par un logiciel chargé de dire à la place d'un juge s'il y a ou non violation du droit d'auteur. Il a vu comment YouTube a multiplié les bourdes et a été obligé d'assouplir ses politiques pour mieux respecter les droits du public à utiliser les oeuvres de tiers dans certaines circonstances.
Comme YouTube, Vimeo proposera aux internautes de faire appel lorsqu'une vidéo sera "flagguée" par erreur par Copyright Match, ou de remplacer la musique utilisée par une chanson proposée sur le Vimeo Music Store.
Le site assure qu'il prendra en compte le "fair use", c'est-à-dire le droit reconnu (aux Etats-Unis) au public d'utiliser les oeuvres de façon équitable, sans avoir à obtenir l'autorisation expresse de l'auteur ou du producteur. Mais Vimeo devra alors se faire juge à la place du juge. S'il se trompe, c'est lui qui deviendra co-responsable de la contrefaçon, ce qui n'incite pas à trancher en faveur de la liberté d'expression.
Sans "robocopyright", la charge est sur les épaules des ayants droits, qui doivent signaler les contenus qui violent leurs droits, et qui peuvent être condamnés s'ils demandent de mauvaise foi le retrait d'une vidéo légale. Avec le robocopyright, c'est désormais à Vimeo d'expliquer pourquoi il choisit de pas retirer une vidéo dont un robot lui dit pourtant qu'elle est contrefaite.
Vimeo assure toutefois dans sa longue page d'explications qu'il ne supprimera que les vidéos qui "constituent des cas évidents de contrefaçon", telles que des copies intégrales d'émissions TV ou de clips. A voir en pratique.
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