En France, le principe d'universalisme de l'humanité fait qu'il interdit d'établir des statistiques ethniques pour vérifier la représentativité de différents groupes humains dans l'administration ou dans les entreprises. Mais aux Etats-Unis, les organisations publient régulièrement des rapports détaillés sur la répartition des différentes "races" (ce seul mot est prohibé en France) dans leurs effectifs, afin d'identifier d'éventuelles sous-représentations qui pourraient être signes de discriminations.
C'est ce que vient de faire Google pour la première fois, en reconnaissant un très important déficit d'employés noirs dans ses rangs. Selon ses statistiques, Google emploierait 61 % de Blancs aux Etats-Unis, 30 % d'Asiatiques, mais seulement 2 % de Noirs et 3 % d'Hispaniques. Dans les postes de direction, les Blancs sont 72 %, les Noirs 1,5 %, et les Hispaniques 1 %.
Les chiffres révèlent également une inégalité entre hommes et femmes, ces dernières n'étant que 21 % dans les postes à responsabilité et 30 % au total, et seulement 17 % dans les postes techniques. C'est une proportion anormalement faible, même si l'on sait que les femmes sont bien moins nombreuses sur le marché du travail dans l'informatique. La moyenne dans l'industrie aux Etats-Unis se situerait autour de 20 à 25 %.
Des groupes d'employés gays, noirs, vieux…
"Nous ne sommes pas là où nous voulons être en terme de diversité", a reconnu la firme dans une interview à PBS. Mais elle assure que la publication du rapport doit justement l'aider à s'améliorer. "Il est difficile de répondre à ce type de défis si vous n'êtes pas préparés à en parler ouvertement, et avec tous les éléments. Nos efforts de diversité, y compris le fait de rendre public ces nombres, sont conçus pour s'assurer que Google recrute et conserve davantage de femmes et de minorités à l'avenir".
Pour montrer son ouverture en matière de diversité, Google met en avant sur son site des groupes communautaires constitués par ses propres employés, qui seraient inimaginables en France. La firme se félicite par exemple de connaître un groupe de "Gayglers" (gays, lesbiens, bi ou transexuels), un groupe de "Googlers Noirs", un groupe d'Indiens, un groupe de cheveux grisonnants, ou encore un groupe de femmes.
Même s'il n'est pas flatteur pour lui, la publication des données reste une exception de la part de Google dans la Silicon Valley. PBS rappelle ainsi que CNN avait demandé en 2011 aux grandes entreprises high-tech de publier ses propres statistiques, et que seule une poignée avait accepté, 17 refusant de répondre.
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