Qu’on se le dise, la bataille des géants de l’informatique pour la médecine personnalisée a bel et bien commencé. Alors qu’Apple a recruté de nouveaux spécialistes mondiaux et s’apprête à présenter ses premiers produits de « measurement-self », Samsung a dévoilé mercredi ses propres ambitions, très grandes, à travers la plateforme Simband.
Simband se matérialise par un concept de bracelet connecté beaucoup plus complexe que le Gear Fit, sur lequel peuvent venir s’installer différents capteurs de santé de toutes natures, dans un « écosystème ouvert ». Samsung ouvre le design du bracelet, et les industriels de l’adapter pour y mettre leurs propres capteurs. C’est par exemple le cas de l’IMEC, un institut belge spécialisé dans les micro et nano-technologies, qui a mis au point pour le Simband un ensemble de capteurs destinés à mesurer certaines données sanguines telles que la concentration en oxygène, par un système de faisceaux lumineux :
L’intérêt pour Samsung n’est pas tant dans la commercialisation du Simband (qui n’existe pas en tant que produit fini) que dans la collecte des données. Toutes les informations médicales obtenues en temps réel par les capteurs installés sur les appareils dérivés du Simband seront en effet collectées vers une plateforme centralisée baptisée SAMI (Samsung Architecture Multimodal Interactions), qui constitue pour l’entreprise sud-coréenne le véritable coeur du projet.
SAMI, le Big Data de Samsung pour une santé privatisée
Comme pour Google ou le système IBM Watson, c’est le Big Data et la possibilité de croiser ensemble des milliards d’informations de millions de consommateurs qui fera la valeur commerciale de l’e-santé, en faisant de ces données le carrefour indispensable entre les patients, les médecins et les industries pharmaceutiques.
A partir de SAMI, « les développeurs peuvent accéder aux données et en tirer parti pour créer des applications entièrement nouvelles« , explique Samsung, qui assure que SAMI sera la « première plateforme dans son genre réellement sécurisée, ouverte, diversifiée« . Toutefois l’entreprise précise bien que les accès se feront par des API, et donc qu’elle gardera le contrôle sur la propriété des données, et sur leur utilisation.
« Les données seront disponibles pour les partenaires qui veulent créer des applications et services approuvés« , indique Samsung. Il pourra donc s’agir aussi bien de développeurs d’applications d’aides au footing qui veulent pouvoir comparer les efforts de chacun sur un parcours donné, que de groupements d’assurances santé qui pourront proposer des réductions tarifaires à ceux qui acceptent d’être espionnés pour vérifier qu’ils ne fument pas ou qu’ils n’ignorent pas une instabilité cardiaque.
Samsung précise qu’il sera possible avec SAMI de visualiser les données des utilisateurs selon différents contextes, par exemple selon leur situation géographique, leur « comportement » (sic), le calendrier, ou encore l’environnement. Des méthodes de calculs permettront alors de réaliser des croisements statistiques pour réaliser de véritables analyses de médecine prédictive, voire pour suggérer des traitements adaptés à chacun.
Un avenir de la médecine dont nous avions détaillé les nombreux enjeux dans cet article à relire et à faire connaître plus que jamais : >> La médecine personnalisée, ou la santé confiée à Google et Apple ?
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