Il espérait sans doute encore échapper à la prison, mais il effectuera bien la peine à laquelle il a été condamnée. L'ancien porte-parole et co-fondateur du site de liens BitTorrent The Pirate Bay a été arrêté samedi dans les environs de Malmö, en Suède, cinq ans après sa condamnation à 1 an de prison. Suite au refus de la Cour Suprême de Suède de se pencher sur l'affaire, la condamnation était devenue définitive en 2012, et Peter Sunde avait été placé sur la liste des personnes recherchées par Interpol.
Peter Sunde n'était cependant pas en fuite, comme ça a pu être écrit ici ou là. L'homme était notoirement résident de Berlin, se rendait publiquement à de nombreuses conférences, et continuait de rendre régulièrement visite à sa famille à Malmö. Mais il refusait de se rendre lui-même à la police pour exécuter sa peine, qui a été ramenée à 8 mois d'emprisonnement.
Après avoir décidé de quitter The Pirate Bay, Peter Sunde avait tenté de se refaire une virginité en créant une start-up, Flattr, dont le but est de rémunérer les créateurs de contenus par un système de dons. Plus récemment, il avait levé des fonds pour lancer Heml.is, une messagerie sécurisée anti-NSA. Toujours impliqué dans le discours politique de demande de réforme du droit d'auteur qu'il estime non adapté à l'ère numérique, et d'une protection des libertés numériques, Peter Sunde s'était aussi présenté aux élections européennes sous les couleurs du Parti Pirate finlandais.
Aucun regret
Le procès qui a abouti à sa condamnation fut sans doute le plus contesté et le plus contestable de tous les procès liés au piratage ces quinze dernières années. L'affaire avait été traitée avec une multitude de conflits d'intérêts qui projettent une ombre sur la sincérité des jugements, y compris à la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH).
Malgré sa condamnation à de la prison ferme, Peter Sunde a toujours dit ne rien regretter de son activisme au service du piratage, qu'il avait étendu à un combat pour la liberté d'expression et l'égalité des droits sur Internet. "Même si le résultat final (qui n'est pas encore connu) n'est pas favorable à ma situation personnelle, le but ultime pour lequel nous nous battons est beaucoup plus important que les luttes personnelles de quelques individus", avait-il assuré en 2012. "J'arriverai à vivre en sachant que je ne serai pas riche – ce qui est facile quand de toute façon vous n'êtes pas riche – pour le restant de mes jours. J'arriverai à vivre quelle que soit la sentence que j'aurai au final. Le combat continue avec ou sans moi, je suis juste un pion. Mais au moins je suis un pion placé du côté moral".
Paradoxalement, son séjour en prison pourrait le rendre plus fort à son retour, faisant de lui un véritable martyr de la cause qu'il défend. Ce n'aurait, de sa part, rien de surprenant.
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