Bouygues Telecom va-t-il être dépecé par Orange et Free, sous le regard bienveillant de l'État ? C'est visiblement l'un des scénarios qui est actuellement envisagé par le ministère de l'économie et des finances, toujours dans l'optique d'organiser un retour en douceur à trois opérateurs, à en croire une information publiée ce mercredi par le quotidien Les Échos.
Dépecer Bouygues
Il s'agirait dans un premier temps d'opérer la vente de Bouygues Telecom à Orange, tandis que la maison-mère du troisième opérateur entrerait au capital de l'opérateur historique. Ce dernier, qui a manifesté implicitement le mois dernier son intérêt pour son concurrent, contrôlerait alors provisoirement 60 % du marché de la téléphonie en France, le temps d'organiser la deuxième phase.
Du fait des problèmes évidents qu'une telle absorption poserait, et qui se heurterait clairement à la résistance de l'autorité de la concurrence, Orange céderait ensuite à Free le réseau mobile de Bouygues Telecom ainsi qu'une partie de ses fréquences pour près de 2,3 milliards d'euros (1,5 milliard pour le réseau, 800 millions pour les fréquences).
L'intérêt de Free
Ce scénario, sans doute piloté à distance par Arnaud Montebourg, qui ne cache son désir de revenir un marché à trois opérateurs, constituerait un véritable coup de fouet au développement de Free. Rien que pour la 4G, celui-ci aurait accès à 5579 supports 4G dans la bande 1800 MHz (il n'en a aucun actuellement), 609 supports dans la bande 800 MHz (idem) et 886 dans la bande 2,6 GHz
Free pourrait être d'autant plus intéressé que des négociations ont déjà eu lieu en mars entre Bouygues et lui, mais elles auraient finalement achoppé sur la question des salariés. Selon nos confrères, Free ne souhaitait pas reprendre les techniciens de Bouygues. En dépeçant l'entreprise après un achat par Orange, ces derniers pourraient rester au sein d'Orange.
Consolider le secteur
Arnaud Montebourg, qui avait déjà envisagé une fusion entre Bouygues et Free, devrait donc se contenter d'une solution de rechange, mais qui pourrait finalement convenir à sa politique industrielle. Le gouvernement est favorable à la constitution de leaders européens de poids, pour résister aux éventuels appétits d'acteurs nord-américains, mais pas seulement.
Le ministre souhaite en effet permettre aux opérateurs de dégager de nouvelles marges pour préparer à la fois les futurs investissements dans la téléphonie (5G) mais aussi pour soutenir le déploiement de la fibre optique dans le pays. D'ailleurs, le dépeçage organisé de Bouygues par Orange et Free viserait aussi à répondre au défi du plan très haut débit piloté par le gouvernement.
Selon Les Échos, en échange de l'exécution de ce plan, profitable à Free, le trublion des télécoms s'engagerait à investir, sous-entendu significativement, dans la fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH) en partenariat avec Orange. Une condition guère surprenante, d'autant que le nombre d'acteurs en situation de participer au fibrage du pays se réduit, du fait des opérations visant SFR et Bouygues.
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