L'économie collaborative qui était autrefois réservée à l'industrie du logiciel vient de trouver un nouvel allié de poids dans une industrie qui fut le symbole du capitalisme traditionnel au 20ème siècle : l'automobile. Elon Musk, le génial entrepreneur qui est souvent comparé au Tony Stark d'Iron Man, a annoncé sur le blog de Tesla que le fabricant de voitures électriques allait renoncer à exercer ses droits de propriété sur son portefeuille de brevets.
"Tesla Motors a été créé pour accélérer l'avènement d'un transport durable. Si nous dégageons le chemin vers la création d'une voiture électrique attirante, mais que nous posons des mines de propriété intellectuelle derrière nous pour dissuader les autres, nous agissons de façon contraire à cet objectif", explique Elon Musk.
Le patron de Tesla prévient que sa société ne "lancera de plaintes en violation de brevets contre personne qui, de bonne foi, souhaite utiliser notre technologie". La firme ne renonce pas aux brevets, mais met en place un système de licence avec traité de paix imposé aux licenciés, ce qui était la méthode inventée par Google pour WebM, que nous avions espéré voir transposée aux brevets de Motorola (en vain).
Une licence virale pour profiter à tout l'écosystème
L'idée est d'autoriser tout le monde à utiliser les technologies brevetées par Tesla, à condition que ceux qui utilisent ces technologies s'engagent eux-mêmes à ne pas poursuivre les bénéficiaires en violation de brevets, lorsque ces brevets sont liés aux technologies concernées.
Si Elon Musk renonce à faire respecter l'exclusivité des brevets de Tesla, ce n'est pas par bonté d'âme. C'est parce qu'il sait que ce modèle (pas tout à fait) open-source lui sera profitable. Pour prospérer avec un modèle technologique et économique qui impose de construire des stations de recharge électrique les plus nombreuses possibles dans tous les pays, Tesla ne peut plus être seul à assumer les coûts. Le constructeur cherche désormais à convaincre des concurrents d'adopter les mêmes technologies pour partager les frais de création et d'entretien des stations "Superchargeurs". BMW a ainsi confirmé avoir rencontré Elon Musk cette semaine.
Mais surtout, Tesla a besoin que les voitures électriques progressent dans le marché automobile, pour lui-même bénéficier d'un cercle vertueux. Etre le seul dans un tout petit marché qui pèse aujourd'hui moins de 1 % des ventes de véhicules aux Etats-Unis est beaucoup moins intéressant qu'être l'un parmi d'autres dans un très gros marché.
Une usine de batteries à faire tourner
Le fait de permettre aux concurrents de s'appuyer sur les technologies de Tesla et de les améliorer à leur tour, avec des améliorations dont Tesla profitera lui-même gracieusement, est le meilleur moyen de générer ce cercle vertueux dont il a besoin. A moindre échelle, c'était exactement le même calcul pour les meubles d'Espace Loggia, et c'est un modèle qui a largement fait ses preuves dans le monde informatique avec Linux, et un nombre incalculable de projets open-source qui ont prospéré grâce à l'abandon de l'exclusivité des droits d'exploitation.
Enfin, sur le plan purement industriel, Tesla prévoit d'investir 5 milliards de dollars pour construire une usine de fabrication des batteries lithium-ion qu'il a inventées pour ses voitures. Même s'il renonce à faire respecter ses brevets, la société restera un fournisseur de choix pour les batteries qui équiperont les véhicules concurrents.
En revanche, ce choix rend certainement improbable la rumeur d'un rachat de Tesla par Apple.
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