Aussitôt évoquée, aussitôt abandonnée ? À en croire les récentes déclarations de la secrétaire d'État au numérique Axelle Lemaire, l'idée de favoriser l'émergence d'un système d'exploitation "made in France" a pris un sérieux coup dans l'aile. En marge de la remise par le Conseil national du numérique du rapport sur la neutralité des plateformes, la politique a écarté cette perspective.
Celle-ci a connu une relative médiatisation, lorsque le journal L'Opinion a affirmé que ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique, Arnaud Montebourg, s'est prononcé en faveur d'un soutien des pouvoirs publics à l'essor d'un O.S. français, libre et open-source, capable de s'adapter à n'importe quel écrin : ordinateur, téléphone, voiture, robot…
"L'OS souverain ne fait pas l'objet d'un travail interne au sein de Bercy à l'heure actuelle. Il pourrait paraître paradoxal de prôner la liberté d'entreprendre et de demander à l'État d'intervenir dans la création d'un outil numérique. […] L'innovation ne se décrète pas, sans doute encore moins dans un bureau depuis Bercy", a déclaré Axelle Lemaire à ZDNet, interpellée à ce sujet.
À l'origine de cette idée figure une tribune publiée en 2011 par Pierre Bellanger, le PDG de la radio Skyrock. Dans celle-ci était défendue la nécessité pour la France de reconquérir sa souveraineté en matière de données et de services informatiques. Une présentation qui n'a certainement pas laissé Arnaud Montebourg insensible, lui qui plaidait par exemple en 2013 pour une "démondialisation des données personnelles".
Mais si les propos d'Axelle Lemaire tempèrent aujourd'hui les informations de L'Opinion sur la participation de Bercy à un quelconque projet d'O.S national, d'autres s'y intéressent manifestement, à commencer par Orange. En 2010, Stéphane Richard avait expliqué avoir invité les patrons des principaux opérateurs de téléphonie en Europe (Vodafone, Telefónica et Deutsche Telekom) pour plancher sur un O.S. alternatif.
Depuis, des initiatives libres et open source ont vu le jour comme Ubuntu OS et Firefox OS, avec le soutien bienveillant des trois opérateurs cités précédemment. Du coup, Orange s'est peut-être lui aussi tourné vers cette piste (le projet initial, en tout cas, n'a plus fait parler de lui) pour échapper à Android, iOS et Windows Phone plutôt que de faire émerger ex nihilo une plateforme valable.
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