Préoccupés par l'absence de protections vis-à-vis des appellations d'origine dans le cadre de la procédure de création des noms de domaine en ".vin" et ".wine", des vignerons français et européens sont prêts au boycott et à faire pression pour empêcher leurs collègues qui seraient tentés d'en acquérir.

En 2011, la société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN) a décidé de créer de nouveaux domaines de premier niveau génériques dans le but officiel d'offrir une plus grande diversité de choix aux institutions, aux collectivités, aux entreprises et aux particuliers. Ainsi, en plus des suffixes  habituels, fleuriront bientôt de nouvelles adresses, par exemple en .vin et .wine.

Les indications géographiques

Cette ouverture inquiète en France, mais aussi en Europe. Plusieurs pays sont de grands exportateurs de vin (l'Hexagone, bien sûr, mais aussi l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et le Portugal) et les vignerons craignent que l'arrivée d'extensions en .vin et .wine oublie de prendre en compte "la reconnaissance et la protection des indications géographiques", comme le réclame Stéphane Le Foll, le ministre de l'agriculture.

L'an dernier, celui-ci avait expliqué à un parlementaire que cette reconnaissance et cette protection sont "une priorité pour la France", tout comme "la mise en place d'une procédure visant la protection des indications géographiques". Depuis, il a été rejoint par Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, et Axelle Lemaire, secrétaire d'État au numérique.

Pas de contrôle des appellations d'origine ?

Plusieurs sociétés se sont d'ores et déjà manifestées auprès de l'ICANN pour obtenir le droit de gérer les suffixes .wine. Ce printemps, nous avions relevé les requêtes de June Station, LLC, une société américaine, de dot Wine Limited, une firme britannique basée à Gibraltar, et celle d'Afilias Limited, une entreprise irlandaise. Pour le .vin, il y a la demande de Holly Shadow LLC, un groupe américain.

Or, rien ne permet d'affirmer que ces sociétés vendront des adresses (par exemple « côtesdebeaune.vin » ou « coteauxdelaloire.wine ») en se souciant de savoir si leurs propriétaires auront bien un lien géographique avec l'intitulé de l'URL. Et si les appellations d'origine ne sont pas surveillées, c'est au final le client qui pourrait se retrouver face à des informations usurpant certaines identités.

Vers un boycott

Selon Le Figaro, la situation est telle que la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à appellations d'origine contrôlées (Cnaoc) est prête à faire pression et à boycotter les adresses en .vin ou .wine. D'après le quotidien français, les vignerons français ne seront pas seuls dans cette bataille. Leurs collègues européens sont prêts à faire de même.

Outre la France, le sujet mobilise aussi l'Espagne et la Commission européenne. En mars, le gouvernement français affirmait plus généralement que l'Union européenne "attache la plus haute importance à la protection des indications d’origine dans toutes les enceintes, y compris sur Internet" tout en plaidant pour un "niveau de protection élevé" à l'égard des appellations d'origine.

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