Au moment où le groupe de presse allemand Axel Springer investit dans Qwant, le ministre de la Justice allemand Heiko Maas, membre du Pari social-démocrate, ne semble pas avoir une grande foi dans la capacité de la Commission européenne à mettre un terme aux abus de position dominante de Google. Dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Heiko Maas a estimé qu'il faudrait envisager la possibilité de "dégrouper" Google dans le cas où le géant américain continuait de mettre à profit ses 95 % de parts de marché en Europe pour conforter son monopole et écraser la concurrence dans les tous domaines commerciaux qu'il décide d'investir.
Alertée par de nombreuses plaintes, la Commission Européenne a ouvert son enquête en abus de position dominante contre Google en 2010. Hélas, quatre ans plus tard, toujours aucune sanction n'est intervenue et la solution négociée avec la firme de Mountain View est un symbole du renoncement des autorités à toute autorité. Plutôt que d'interdire à Google de pénaliser le référencement de ses concurrents et de mettre systématiquement en avant ses propres services sur son moteur de recherche, la Commission est prête à donner à Google la possibilité de vendre des emplacements privilégiés aux concurrents qu'il lèse. Un comble.
Dès 2010, Numerama avait plaidé pour un démantèlement de Google, en obligeant la firme à isoler le moteur de recherche généraliste de ses autres activités sectorielles. Un point de vue parfois rejoint par certains capitaines d'esprit, à l'instar du patron de la SNCF.
Le précédent Microsoft
En supprimant les conflits d'intérêts, les Google Maps, Google Shopping, YouTube, Google Flight Search, etc., seraient mis au même niveau que les Open Street Maps, eBay, Dailymotion, Opodo, etc. S'ils sont meilleurs, les produits de Google s'imposeront naturellement. S'ils ne le sont pas, les autres auront de meilleures chances de se faire connaître et de s'imposer.
La solution d'un démantèlement peu paraître folle dans le climat néolibéral actuel, mais elle n'était pas taboue dans les années 1990, lorsque les autorités antitrust américaines avaient obtenu la scission de Microsoft en première instance en avril 2000. Constatant le poids considérable que lui offrait Windows, le juge avait ordonné que Microsoft soit coupé en plusieurs entités indépendantes, pour isoler la conception du système d'exploitation des autres activités de développement de logiciels. La solution avait finalement été rejetée par les cours supérieures.
Or c'est justement par crainte qu'une décision invalidée par la justice ne ternisse leur carrière que les fonctionnaires européens n'osent pas aller jusque là avec Google, et s'écrasent face à la toute puissance de la firme de Mountain View.
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