Apple a intégré à son application Health pour iOS 8 un historique de la consommation de caféine. S’il fonctionne pour le moment sur un mode déclaratif, il montre ce vers quoi conduit la médecine personnalisée, notamment le jour (très prochain) où elle sera associée à un profil génétique personnel. Pour le meilleur, ou pour le pire ?

Apple a mis à jour cette semaine cette semaine la version bêta de son nouveau système d’exploitation mobile iOS 8, avec toute une série de modifications apportées à l’OS et aux applications intégrées. Parmi celles-ci, l’application Health dédiée à la médecine personnalisée permettra désormais aux utilisateurs de surveiller le volume de caféine qu’ils injectent dans leur corps.

L’application fonctionne de façon déclarative, comme le font déjà des outils comme le UP Coffee de Jawbone. Lorsqu’il boit un café, l’utilisateur l’indique dans Health, qui garde un historique des boissons avalées pour lui permettre de prendre conscience qu’il en a déjà bues un certain nombre dans la journée, et en déduire que son niveau de caféine restera trop élevé dans le sang au moment d’aller se coucher.

Il ne s’agit donc pas encore de détecter automatiquement le taux de molécules de caféine dans le sang. Même si la montre iWatch d’Apple sera fortement orientée vers la santé avec de nombreux capteurs et permettra notamment d’établir un bilan sanguin, il paraît très peu probable que la firme de Cupertino ait déjà mis au point un capteur de caféine — d’autant que les méthodes actuelles de détection de la caféine dans le sang nécessitent de manipuler les échantillons de sang en laboratoire.

Mais qui sait ce qu’il en sera dans plusieurs années, vu les milliards d’euros désormais dépensés dans la conception de capteurs médicaux à intégrer dans des objets portables tels que des montres, des bracelets ou des smartphones ?

La caféine, exemple type de l’intérêt d’un séquençage ADN généralisé

L’intérêt de mesurer la caféine n’est pas seulement d’aider les utilisateurs à mieux dormir. Le calcul du taux de caféine est aussi intéressant pour les assurances santé qui pourraient être tentées de moins bien assurer les gros buveurs de café (voir à ce sujet notre article sur AXA et son utilisation des capteurs). Car s’il génère des effets positifs à petite dose, la consommation de quantités importantes de café est en revanche associée à des effets très négatifs.

Mais comme l’explique Consoglobe, des études ont montré que les hommes sont en réalité très inégaux face à la caféine, et que la réaction dépend de l’ADN de chacun. « Les chercheurs ont étudié plusieurs milliers de sujets, avec pour but d’observer la façon dont le café est transformé dans notre corps grâce à une enzyme spécifique« , relate-t-il. « Cette enzyme peut prendre deux formes en fonction du profil génétique de chacun et avoir deux effets : dégrader rapidement le café dans l’organisme ou au contraire, favoriser une dégradation lente.  Ainsi, les personnes qui éliminent le café de façon rapide voient leur risque d’infarctus diminuer de 22% pour les buveurs de deux à trois tasses quotidiennes, tandis que pour les individus qui dégradent la boisson trop lentement, le risque d’infarctus est multiplié par 1.35%.« .

Or comme nous l’avions expliqué, l’un des grands grands axes de la médecine personnalisée développée par les Google, Samsung, Apple ou Microsoft est justement d’établir un profil génétique de l’utilisateur, pour lui conseiller les comportements sanitaires qui sont les mieux adaptés à son ADN propre. IBM a déjà dit que c’était son ambition d’ici 5 ans, Google qui propose Google Genomics a rejoint récemment un consortium sur la génétique, et il existe déjà sur le marché des séquenceurs ADN de la taille d’une clé USB.

Alors qu’il avait fallu dépenser 3 milliards de dollars pour réaliser pendant 13 ans le premier séquençage complet de l’ADN humain achevé en 2003, les machines permettent désormais d’obtenir ses 3 millions de paires de nucléotides en seulement quelques heures, pour quelques centaines d’euros. Il est très probable qu’à moyen terme, chacun d’entre nous soit encouragé à établir une cartographie de son ADN, pour permettre une personnalisation des soins et du suivi médical.

Certains pourront alors continuer à boire du café s’ils disposent des bons enzymes. Les autres ne pourront le faire qu’en connaissant leur risque et en payant plus chère leur assurance santé.

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