Horace Dediu est un analyste américano-roumain qui a fait des études d’ingénieur informatique avant d’obtenir un MBA à Harvard. Fondateur du cabinet Asymco, il est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs analystes pour les activités d’Apple. Dediu avait travaillé pour Nokia entre 2001 et 2009 après avoir quitté le wagon vieillissant des ordinateurs personnels pour se spécialiser dans les téléphones mobiles, plus prometteur.
Fin juin, Horace Dediu était invité à Munich pour intervenir au Futureday 2014, une conférence dédiée à la prospective. A cette occasion, l’analyste a livré une présentation brillante sur l’accroissement spectaculaire de la vitesse d’adoption des innovations technologiques par les consommateurs, qu’il croise à l’allongement tout aussi spectaculaire de l’espérance de vie.
(cliquez pour agrandir | source) :
Presque déprimé, il en conclut (entre autres problèmes, tels que l’incapacité du gouvernement à suivre le rythme pour réguler les technologies dans leurs implications) qu’il est devenu impossible d’anticiper au moment du choix de ses études ce qui sera porteur professionnellement à la fin de ses études. Il est aussi impossible d’espérer faire carrière dans un secteur ou avec une expertise sur un seul domaine technologique, ou même quelques uns. Pour garder un emploi il faut sans cesse changer de métier, sans cesse changer d’entreprise, sans cesse espérer faire les bons choix, sans cesse travailler plus vite. C’est une source de stress d’une violence inédite, qui ne fait que s’accélérer et qui doit nous interroger en tant qu’Humanité.
Une remise en cause digne de la Renaissance
« La vraie question, c’est est-ce que vous pouvez supporter la vérité ?« , demande Horace Diedu à la fin de son intervention, lorsque l’animateur de la conférence lui demande quoi conseiller à ses jeunes enfants. « Les systèmes de pensée que nous avons en place vont changer. Ils devront changer. Nous devons réévaluer beaucoup de questions fondamentales. Nous avons vécu ça à la Renaissance. Les systèmes de croyances doivent changer radicalement. Toute notre façon d’opérer devra changer. C’était pour passer d’une vision d’un monde où l’Eglise était au centre à une société où l’Homme s’est retrouvé au centre, et maintenant ce seront des questions pour un monde centré autour des machines« .
« La question de ce qui est bon, de ce qui est mal, de ce qui est diabolique — en reprenant le terme de Google (« we are not evil », ndlr) — va devoir changer« .
« Je ne suis même pas sûr qu’il soit possible d’avoir cette conversation (…). Ce que je conseillerais à mon enfant, c’est d’étudier les classiques, parce que les classiques, ce que nous appelons l’éducation aux arts libéraux, sont en réalité plus importants que jamais. La poésie va devenir plus importante qu’elle ne l’a jamais été. Parce que c’est là que la vérité résidera. La vérité de la technologie résidera en nous-mêmes. Nous devons réévaluer cette relation« .
Sans aller jusqu’à conseiller à ses enfants d’étudier la poésie, il existe des secteurs qui bénéficient d’une bien meilleure stabilité. Sans doute faudra-t-il toujours des plombiers, des charcutiers, des paysagistes, des comédiens, des philosophes, des historiens… Autant de métiers qui promettent moins de rémunération que les nouvelles technologies, mais qui seront peut-être à l’avenir de véritables sources de jalousie pour ceux qui passent leur vie professionnelle à se demander comment ne pas devenir inutile demain.
A défaut de pouvoir apporter une réponse, la question mérite d’être posée.
https://youtube.com/watch?v=oqgvpitlWJs%3Frel%3D0
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !