Né de travaux conduits par le laboratoire de recherche de la marine des États-Unis avec pour but principal de protéger les communications gouvernementales, le principe du routage en oignon a été repris par la suite par le projet TOR afin d'en faire profiter le grand public. Depuis, l'importance du réseau anonymisant a pris de l'ampleur, au point que la FSF l'a récompensé pour son rôle "d'intérêt social".
Mais TOR ne plaît pas à tout le monde. Recommandé et / ou par divers acteurs (comme Reporters Sans Frontières, la fondation Wikimédia, Edward Snowden, The Pirate Bay…) pour passer au travers la censure, échapper à l'espionnage de masse et préserver sa vie privée, le projet est dans le collimateur de certains États, qui ne sont guère disposés à laisser des internautes sans surveillance.
La Russie n'aime pas TOR
Selon le site Daily Dot, une offre a été publiée sur le site des marchés publics russes pour encourager les chercheurs à explorer des stratégies permettant de casser l'anonymat proposé par TOR et obtenir des informations (notamment techniques) sur ses usagers. Une enveloppe de 3,9 millions de rouble (environ 83 000 euros) est prévue.
D'après les documents traduits par nos confrères, il s'agit pour le gouvernement "d'assurer la défense et la sécurité" du pays. Rappelons en effet que le service fédéral de sécurité de la Russie (FSB, ex KGB) n'apprécie pas le principe de ce réseau anonymisant. Son directeur s'est prononcé pour son interdiction, au motif qu'il est employé par des criminels pour échapper à l'État.
Succès croissant de TOR en Russie
Si l'on se base sur les statistiques du réseau TOR, le nombre d'internautes masquant leur activité en ligne et provenant visiblement de Russie a considérablement augmenté depuis un an. Celui-ci est en effet passé d'environ 25 000 par jour l'été dernier à plus de 150 000 aujourd'hui (un pic supérieur à 200 000 a même été enregistré ces deux derniers mois).
La trajectoire politique de la Russie depuis que Vladimir Poutine est revenu aux affaires explique en partie le succès croissant de TOR dans le pays, dans la mesure où les textes législatifs visant à affermir le contrôle du net et à faire taire les opposants se succèdent à la Douma (voir cette synthèse de RSF et cet article du Monde), le parlement russe. Mais les révélations de la NSA ont certainement joué aussi.
La NSA aussi veut espionner TOR
L'agence de sécurité nationale américaine est d'ailleurs elle aussi en train de chercher un moyen efficace de casser TOR. Des documents rapportés par le Guardian ont montré que le service ne serait pas capable d'attaquer frontalement le réseau pour identifier ses utilisateurs, mais aurait mis en place des tactiques pour le faire indirectement, de façon ciblée.
Dans d'autres documents, il est notamment indiqué que l'un des programmes de la NSA, XKeyScore, est configuré de façon à collecter les adresses IP de tout internaute qui utilise ce réseau pour masquer son identité et le contenu de ses communications.
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