Attendu pour septembre, le lancement de Netflix dans l'Hexagone aura lieu sans le concours d'Orange. Le principal FAI français a en effet annoncé par la voix de son PDG que sa Livebox n'accueillera pas le service américain de vidéo à la demande sur abonnement (SVOD), au motif que plusieurs questions autour de son arrivée demeurent aujourd'hui sans réponse.
Sur le plateau de BFM Business, Stéphane Richard a néanmoins tenu à rassurer sa clientèle. Oui, elle pourra accéder normalement à Netflix, via Internet. Il ne s'agit en aucune façon de bloquer le service, mais d'éviter de le proposer au sein des boxes. Le chef d'entreprise a ajouté que la position de son groupe pourrait évoluer à l'avenir, en fonction des négociations avec la plateforme.
Orange veut que Netflix paie
À entendre Stéphane Richard, le principal point de blocage réside dans le financement des réseaux. "La première question que [l'arrivée de Netflix] pose, c'est la façon dont Netflix va participer au financement des infrastructures qu'il utilise pour proposer ses contenus", expose Stéphane Richard. Car le service est particulièrement gourmand en ressources.
Selon des statistiques datant de 2011, Netflix occupe 30 % de la bande passante sur les réseaux fixes nord-américains en période de pointe. "C'est gigantesque", a commenté Stéphane Richard, en citant cette donnée. "Donc ça, ça pose le problème des relations économiques entre les opérateurs télécoms et puis les fournisseurs de contenus".
Orange confirme d'ailleurs que des négociations avec Netflix sur ces aspects sont déjà engagées. "Nous essaierons de faire prévaloir notre point de vue, qui est de demander une participation", a ajouté le PDG. Le FAI est depuis longtemps un fervent partisan du principe d'une contribution accrue des géants du web en fonction de leur consommation en bande passante.
Rappelons que le service américain de vidéo à la demande sur abonnement (SVOD) prévoit un réseau d'une capacité de 1 Térabit par seconde pour satisfaire le marché français.
Orange dit ne pas craindre Netflix
Également interrogé sur l'impact qu'aura Netflix sur les affaires d'Orange, Stéphane Richard a considéré que celui-ci sera minime, pour ne pas dire insignifiant. "On n'a pas un produit directement en concurrence avec Netflix", a-t-il jugé.
Orange, qui ne peut évidemment pas dire le contraire à la télévision, doit toutefois se méfier en interne de l'effet qu'aura Netflix sur son bouquet télévisuel, OCS. Même si Orange assure "qu'il marche très bien", il n'est pas improbable que le service américain de SVOD attire à lui une partie de la clientèle du FAI.
Plus généralement, Stéphane Richard s'est interrogé sur la manière dont "Netflix va s'insérer dans l'écosystème français", bien que cette question ne "concerne pas directement" son groupe. Le PDG a ainsi posé en filigrane les questions du financement de la création audiovisuelle, le respect de la chronologie des médias ou encore l'obligation de proposer un certain nombre de contenus en français.
Refuser Netflix… pour privilégier son propre service ?
Si Orange a avancé quelques arguments justifiant son refus d'accueillir Netflix dans la Livebox, il est possible que cette décision ait été prise afin de barrer la route à la plateforme américaine. Selon une information de l'Express publiée au début du mois, l'opérateur aurait été désigné par Arnaud Montebourg pour préparer une offre capable de lui donner le change.
Un mois auparavant, le journal Les Échos indiquait de son côté que le Centre national du cinéma et de l'image animée a entamé des discussions avec Canal+, AlloCiné, FilmTV et Sens Critique pour organiser la parade française. Le quotidien mentionnait aussi Orange.
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