C'est la surprise du jour. Ancienne secrétaire d'Etat aux PME, à l'innovation et au numérique, puis chargée sous le premier gouvernement Valls du commerce extérieur, du développement du tourisme et des Français de l'Etranger, Fleur Pellerin a été nommée ministre de la Culture et de la Communication dans le nouveau gouvernement Valls 2. Une ascension fulgurante pour celle qui était encore inconnue avant l'élection de François Hollande.
Fleur Pellerin succède ainsi à Aurélie Filippetti, dont le bilan au ministère de la Culture restera on ne peut plus discret. Désormais installée à la Rue de Valois, Mme Pellerin aura sur son bureau tous les dossiers chauds liés traditionnellement au ministère (notamment les intermittents du spectacle), mais aussi les questions plus contemporaines de lutte contre le piratage, d'encadrement des offres légales sur Internet, ou encore de possible régulation des contenus par le CSA.
Favorable aux amendes Hadopi, floue sur la neutralité du net
En voyage à Stockholm l'an dernier, Fleur Pellerin avait estimé que la suspension de l'accès à internet prévue initialement par la loi Hadopi était une "législation d'exception", mais s'était dite favorable aux amendes en jugeant que ce n'était "quand même pas très liberticide", et que c'était "le modèle des radars automatiques sur les autoroutes".
Lorsqu'elle était en charge du numérique, Fleur Pellerin (surnommée "Fleur d'Oranger" en raison d'une sensibilité supposée aux positions d'Orange) avait également montrée une certaine hostilité à la neutralité du net, et avait botté le dossier en touche. Elle aura à en reparler puisqu'il s'agit de l'un des leviers que le CSA espère pouvoir actionner pour brider les sites qui ne respecteraient pas la législation française.
En revanche, amoureuse déclarée du logiciel libre, Fleur Pellerin s'était clairement opposée à tout filtrage, ce qui pourrait ne pas être compatible avec le projet de loi Création qu'elle aura désormais la charge de porter. "Notre position est claire. Nous sommes opposés à la surveillance généralisée et au filtrage. Nous restons très attachés à ces principes. La question n'est pas de limiter la liberté d'expression et les capacités d'innovation liées à la neutralité du Net", avait-elle déclaré aux Echos.
Sur la chronologie des médias, plus que jamais d'actualité avec l'arrivée d'un Netflix bridé dans ses ambitions, elle s'était montrée plus timide. "La chronologie des médias doit permettre le développement d'une offre légale attractive sur Internet. Elle doit aussi continuer à constituer un point d'équilibre dans le financement de la création audiovisuelle et cinématographique. Nous devrons donc être créatifs pour, d'un côté, préserver le financement de la création, qui fait partie de notre exception culturelle et, de l'autre côté, faire en sorte que l'économie numérique continue à se développer. L'équilibre à trouver est très subtil".
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