La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) organise cette semaine à Deauville son Congrès annuel, qui permet de réunir le gratin de l'industrie cinématographique autour de projections, de cocktails, de tables rondes et autres conférences. C'est aussi l'occasion pour les lobbyistes d'étaler au grand jour leurs revendications à l'Etat, d'une manière étonnamment décomplexée. Ainsi ce mercredi après-midi était organisé un "débat avec les pouvoirs publics", qui a visiblement eu du mal à passionner les foules :
Très sérieux ce congrès il ne s'amuse pas encore et personne ne fait la sieste. pic.twitter.com/G58lenQLVH
— Pascal Rogard (@fandoetlis) 1 Octobre 2014
Comme de coutume, l'indéboulonnable Nicolas Seydoux, à la fois président du quasi-monopole Gaumont et président de l'Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle (ALPA), a alors livré un prêche contre le piratage. Mais surtout, si l'on en croit différents tweets, contre le secrétaire général de l'Hadopi, Eric Walter.
Le représentant d'un lobby privé s'estime visiblement si puissant qu'il se croit autorisé, lors d'un échange public avec des représentants de l'Etat, à attaquer frontalement et nominativement, en son absence, le dirigeant d'une autorité administrative qui ne serait pas assez aux ordres de cette institution.
Eric Walter est en effet accusé du crime de résistance au lobbying intensif des ayants droits, lui qui s'oppose au filtrage et monte au créneau pour proposer une légalisation partielle du partage d'oeuvres, par un mécanisme qui retirerait aux producteurs leur droit exclusif de décider qui peut diffuser les oeuvres en France :
Nicolas Seydoux met en cause le SG de l'Hadopi pour des prises de position contraires à la défense de la création
— Pascal Rogard (@fandoetlis) 1 Octobre 2014
Nicolas Seydoux estime que son comportement est inqualifiable et qu'il "tape dans le dos des ayants-droits"
— Grégoire Poussielgue (@Poussielgue) 1 Octobre 2014
Attaque en règle de Nicolas Seydoux et de l'ALPA contre @EricWaltR secrétaire général de l'Hadopi.
— Marc Missonnier (@marcmissonnier) 1 Octobre 2014
Le secrétaire général de l'Hadopi, qui avait été nommé sous Nicolas Sarkozy mais qui a réussi à conserver son poste malgré le changement de gouvernement, et qui a réussi à faire échouer la fusion de l'Hadopi avec le CSA alors qu'elle était ardemment souhaitée par le monde du cinéma, a réagi en s'attaquant à Pascal Rogard, parfois surnommé "le ministre de la culture bis" ("MFM" est l'acronyme de Marie-Françoise Marais, la présidente de l'Hadopi) :
.@fandoetlis vous n'avez pas oublié de faire votre petite démarche auprès de MFM pour qu'elle me vire j'espère ? :) @A_Moatti
— Eric Walter (@EricWaltR) 1 Octobre 2014
Finalement, sur Twitter, le reproche adressé par Nicolas Seydoux à Eric Walter aura surtout eu l'effet d'attirer la sympathie d'internautes qui ont pris la défense du secrétaire général de l'Hadopi, rappelant aux professionnels de cinéma que la loi qu'ils ont souhaité fait de l'Hadopi une autorité indépendante, et non un larbin aux ordres des ayants droit (indépendance qui doit être démontrée par des actes). Ils confirmaient ainsi l'adage selon lequel "l'ennemi de mon ennemi est mon ami"… preuve que les ayants droit ont encore beaucoup de chemin à faire avant de s'attirer la sympathie de ceux à qui ils veulent vendre leurs oeuvres.
Ca y est à défaut de réveiller la salle Nicolas Seydoux a créé un vaste mouvement de soutien à l'hadopi.
— Pascal Rogard (@fandoetlis) 1 Octobre 2014
Jour de bonheur un soutien franc et massif de mes amis de Twitter à l'Hadopi
— Pascal Rogard (@fandoetlis) 1 Octobre 2014
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !