Il fut un temps où Microsoft percevait Linux comme une menace. On se souvient par exemple que l'entreprise américaine n'hésitait pas à le dénigrer publiquement pour mieux vendre ses systèmes d'exploitation ou à s'en prendre à des logiciels libres très populaires pour mieux vanter ses solutions. En 2001, le PDG de l'époque, Steve Ballmer, avait même qualifié Linux de cancer.
Mais les temps changent. Certes, Microsoft et Linux sont toujours rivaux. De fait, ils sont concurrents dans le secteur des systèmes d'exploitation et ne partagent absolument pas la même philosophie. Les sources du premier sont fermées à des fins commerciales, tandis que le second évolue dans le champ du logiciel libre, permettant d'utiliser, étudier, modifier et copier le code source à sa guise.
Et pourtant. En 2012, Microsoft est apparu pour la première fois dans le classement des entreprises contribuant le plus au noyau (dix-septième place). Un an auparavant, la firme de Redmond a souhaité un bon anniversaire à Linux pour ses vingt ans. Et depuis deux ans, Microsoft propose lui-même d'installer Linux sur Windows Azure, son service d'informatique à distance (cloud).
Et aujourd'hui ? Il faut croire que l'intérêt qu'a Microsoft pour Linux s'est mué en amour. Lors d'une conférence dédiée à Windows Azure et relayée par Computer World, Microsoft a affiché ses sentiments à l'égard du système d'exploitation libre. Au cours de l'évènement, une image est même apparue sur un écran montrant un cœur rose intercalé entre les noms de Microsoft et Linux.
Un rapprochement de raison
Est-ce de l'affichage ou Microsoft s'est-il vraiment pris d'affection pour le noyau libre ? En fait, la relation nouvelle entre Microsoft et Linux relève plutôt du mariage de raison : "environ 20 % de la charge de travail se déroulant sur Azure provient de Linux", a expliqué Satya Nadella, le PDG de Microsoft. Dans ses conditions, difficile de mettre en œuvre une politique foncièrement hostile vu l'importance que prend Linux.
C'est dans ce contexte que Microsoft a annoncé que CoreOS est désormais proposé via Windows Azure, après quatre autres distributions (Ubuntu, CentOS, OpenSuse, et Oracle Linux (une déclinaison de Red Hat Enterprise Linux)).
Avec le développement des services en ligne destinés à remplacer l'installation des logiciels sur l'ordinateur et le stockage local des données, les principaux adversaires de Microsoft sur le marché grand public ne sont plus vraiment les logiciels libres mais des géants comme Google, Amazon, Facebook ou encore Apple. L'O.S. devient secondaire, ce qui facilite de fait le rapprochement d'anciens antagonistes.
Mais comme nous l'écrivions il y a trois ans, gare à ce que l'étreinte de Microsoft n'asphyxie pas Linux. "J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer", lançait ainsi Néron à Burrhus. Car leur philosophie est diamétralement opposée. L'un des principaux moteurs de Microsoft demeure le brevet logiciel, qui est complètement incompatible avec l'esprit logiciel libre.
( photo : Ars Technica )
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