Kim Dotcom est à terre. Le fondateur de MegaUpload, arrêté début 2012 en Nouvelle-Zélande au cours d'une opération de police de grande envergure visant à faire tomber le service d'hébergement de fichiers en un clic, affirme aujourd'hui être complètement ruiné, à tel point qu'il ne peut même plus payer ses avocats qui sont pourtant chargés d'empêcher son extradition vers les États-Unis.
Kim Dotcom se dit ruiné
C'est au cours d'une téléconférence que l'homme d'affaires, qui a depuis lancé Mega, un service similaire à MegaUpload mais qui se veut beaucoup plus respectueux du droit d'auteur, a donné des précisions sur sa situation personnelle. Il se dit même "brisé" par le conflit qui l'oppose depuis deux ans à l'industrie du divertissement et aux autorités judiciaires américaines et néo-zélandaises.
Il faut dire que les charges qui pèsent sur ses épaules sont lourdes. Il est accusé d'avoir gagné 175 millions de dollars avec son réseau et d'avoir causé d'immenses pertes aux studios de cinéma et aux labels de musique (celles-ci dépasseraient les 500 millions de dollars). Sur le plan pénal, il est notamment poursuivi pour racket, blanchiment d'argent et contrefaçon en bande organisée.
Si Kim Dotcom a gagné quelques combats au cours de ces deux dernières années, ses ressources financières sont aujourd'hui asséchées. Entre les cautions à verser pour ne plus être en détention et les frais juridiques pour assurer sa défense, sans parler des autres frais liés ou non aux affaires judiciaires qui le concernent, l'homme aurait dépensé plus de 10 millions de dollars.
La menace régulière de l'extradition
Sans le sou, Kim Dotcom doit désormais défendre seul sa cause. En effet, l'homme n'a plus les moyens de payer le cabinet d'avocats qu'il avait engagé pour échapper à l'extradition. Ses avocats, qui n'ont aucune raison de travailler à titre gracieux, ont cessé de traiter son dossier depuis deux semaines. Ce qui tombe mal, car une audience doit avoir lieu en février.
L'audience d'extradition de Kim Dotcom a d'ailleurs connu de très nombreux reports. Prévue initialement au mois d'août 2012, elle a été repoussée à mars 2013, puis août 2013, puis mars 2014, et encore une fois à juillet 2014. Maintenant, l'on parle de février 2015, alors que l'arrestation a eu lieu il y a bientôt trois ans. C'est à se demander si ces reports n'ont pas cherché à l'épuiser financièrement pour affaiblir sa défense.
C'est en tout cette théorie qu'il défend. "Les autorités américaines ont réussi sans aucun doute à assécher mes ressources, et sans avocat je suis sans défense", a-t-il indiqué, ce qui fait écho avec la stratégie qui est aujourd'hui menée aux USA et en France contre les sites illicites, à savoir mobiliser les intermédiaires techniques et financiers pour les neutraliser.
Amener l'affaire sur un plan politique
Depuis le début de l'affaire, Kim Dotcom a toujours rejeté les charges retenues contre lui, en particulier d'encouragement à l'utilisation de ses services à des fins de piratage. Il a transformé son procès en véritable tribune politique, dénonçant régulièrement la corruption qui serait à l'origine de son arrestation. Ses récents déboires conforteront certainement son point de vue.
En marge de ses difficultés judiciaires et financières, Kim Dotcom a également subi un revers sur le plan politique. L'homme s'est en effet essayé à la politique en créant un parti, celui de l'Internet, qui avait de grandes ambitions pour les élections législatives néo-zélandaises de 2014. Mais les choses ont tourné court, avec à peine 1,3 % des voix récoltées alors qu'il en fallait au moins 5 %.
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