Sous des apparences techniques, le débat sur la mise aux enchères des fréquences de la bande 700 Mhz est en réalité un débat très politique. Preuve en est le communiqué envoyé par le président du groupe UMP au Sénat, Bruno Retailleau, qui s'offusque de ce que le Gouvernement maintienne la mise aux enchères des 700 Mhz à la fin 2015, plutôt que de céder aux pressions qui voudraient que le nouveau dividende numérique soit retardé de quelques années.
"Si personne ne conteste le bienfondé de l’attribution de ce deuxième dividende numérique aux opérateurs télécom pour faire face à l’augmentation régulière du trafic mobile, tous les connaisseurs de ce dossiers savent que ce calendrier n’est ni réaliste ni souhaitable", prévient l'élu de Vendée. Il se demande comment les fréquences de la bande 700 Mhz pourraient être utilisées par les télécoms en France sans poser de difficultés avec les pays voisins, en particulier la Grande-Bretagne, qui a prévu d'attendre 2020 ; ou encore comment exploiter ces fréquences sans nuire à la TNT, alors que la perte de leurs fréquences imposera d'utiliser de nouveaux standards et donc de provoquer, encore, un rééquipement des ménages.
Mais surtout, rien ne presse pour Bruno Retailleau à ce que les fréquences de la bande 700 Mhz soient ainsi affectées aux opérateurs télécoms. Il ,n'y a guère que Free à être pressé, car il est le plus démuni en fréquences. Aligné sur la position d'Orange, M. Retailleau estime que "l’attribution du premier dividende (bande 800 MHz) a mis à disposition de la plupart des opérateurs une ressource qui permet de faire face au trafic à l’horizon 2020", et qu'investir aujourd'hui dans les fréquences mobiles aurait un impact négatif sur le déploiement de la fibre optique, qui doit rester la priorité — d'autant plus au regard du retard que la France est en train de prendre sur le reste du monde.
Attendre pour avoir mieux
"On ne peut demander (aux opérateurs) à la fois d’accélérer le calendrier du déploiement tout en leur imposant d’acheter des fréquences dont ils n’ont pas besoin dans l’immédiat. La réussite du plan THD dépend de la stabilité du cadre juridique et économique", résume Bruno Retailleau. De plus, vendre maintenant serait vendre moins cher. "Plus l’écart de temps sera important entre la date des enchères et celle de la mise à disposition effective des fréquences, plus faibles seront les sommes que les opérateurs seront prêts à débourser".
On se souvient que pour sa part, le président François Hollande a fait du calendrier un "impératif" personnel, et qu'un peu plus de 2 milliards d'euros de recettes ont été inscrits au projet de loi de finances 2015. Renoncer à l'attribution aux télécoms des fréquences en or actuellement réservées à la seule télévision numérique terrestre (TNT) serait donc se priver à court terme d'importantes rentrées budgétaires.
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