En 2014, la "police religieuse et éthique" d'Arabie Saoudite aurait obtenu la fermeture de plus de 10 000 comptes, et arrêté certains utilisateurs. Des chiffres qui ne sont ni confirmés ni infirmés par Twitter, qui reste flou sur son niveau de coopération avec les autorités saoudiennes.

En Arabie Saoudite, le dénommé Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice (Haia) s'est félicité cette semaine d'avoir obtenu la fermeture de 10 117 comptes Twitter pendant l'année 2014, en raison de prétendues "infractions religieuses" par les internautes concernés. "Leurs utilisateurs commettaient des infractions religieuses et éthiques. Haia a bloqué et arrêté certains de leurs utilisateurs. Toutefois il est difficile de suivre tous les comptes en raison de la sécurité avancée utilisée sur ce type de médias sociaux", a expliqué Turki Al-Shulail, le porte-parole du comité.

Ce dernier a précisé que "le département de cybercriminalité de Haia a joué un rôle majeur" dans la fermeture des comptes. L'organisation peut être saisie par les internautes qui l'alertent sur des contenus réputés illicites, ou agir de sa propre initiative. En cas d'arrestation, les auteurs de tweets litigieux risqueraient une peine d'au moins 5 ans de prison et jusqu'à 3 millions de riyals saoudiens d'amende (environ 650 000 euros). Il est déjà arrivé que des auteurs de tweets soient condamnés à mort en Arabie Saoudite. Cette année, un Saoudien a été condamné à 10 ans de prison pour avoir participé à des manifestations et incité d'autres internautes à le rejoindre sur Twitter.

IL PEUT ARRIVER À TWITTER DE COOPÉRER

Contacté par Numerama, Twitter reste évasif sur son degré d'implication dans la fermeture des comptes. "Nos règles délimitent les contenus et les conduites autorisées sur la plateforme. Si nous utilisons notre outil de Blocage d'un Contenu par Pays — en Arabie Saoudite, en France ou ailleurs — nous révélons le compte et l'ordonnance judiciaire dans le Chilling Effects Clearinghouse, un projet commun de l'Electronic Frontier Foundation et d'écoles de droit aux Etats-Unis pour promouvoir la transparence autour des demandes gouvernementales de suppressions".

En l'espèce, il n'existe selon nos recherches aucune entrée dans Chilling Effects émanant de l'Arabie Saoudite, ce qui implique soit que Twitter a appliqué ses propres règles pour accepter la censure de comptes saoudiens sans ordonnance judiciaire, soit que l'Arabie Saoudite procède à un filtrage fin pour bloquer des comptes spécifiques.

Le comité Haia affirmant par ailleurs avoir procédé à des arrestations d'utilisateurs, nous avons également demandé à Twitter s'il lui arrivait de fournir des informations identifiantes aux autorités saoudiennes. Sur ce point, la société nous renvoie à son Rapport de Transparence, qui montre que sur le premier semestre 2014, l'Arabie Saoudite a demandé des informations concernant 196 comptes, et que 1 % de ces demandes ont été satisfaites par Twitter. En 2013, 5 % des demandes l'avaient été. A titre de comparaison, en France c'est 8 % des demandes concernant 51 comptes qui ont été satisfaites au premier semestre.

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