C'est ainsi. Tôt ou tard, nous passons tous l'arme à gauche. Mais lorsque cela survient, nous n'emportons pas avec nous notre identité numérique. Celle-ci perdure après la mort, à travers un profil Facebook, un compte Twitter, un mail… Dès lors, de nombreuses questions se posent : est-il possible par exemple de léguer ses données à un proche ? Si oui, comment ? Peut-on désigner une ou plusieurs personnes de confiance pour qu'elles gèrent à la place du défunt son identité numérique ?
Toutes ces interrogations sont très intéressantes dans le cas de Facebook, car le réseau social affiche plus d'un milliard d'usagers au compteur. De fait, le réseau social américain est en première ligne sur ce sujet. Or dans ce domaine, la politique du site communautaire était assez peu élaborée, hormis le souhait de conserver les profils de ceux qui sont disparus. Ainsi, depuis 2009, Facebook propose un formulaire pour signaler le profil d'une personne décédée.
Celui-ci peut alors être supprimé ou transformé en profil "de commémoration", où seuls les amis et la famille peuvent consulter les photos ou écrire sur le mur du défunt. Lors de cette étape, diverses informations sont requises, en particulier une preuve de la mort de l'intéressé (un avis de décès ou un article de presse, par exemple), afin d'éviter les plaisanteries douteuses.
DESIGNER UN LÉGATAIRE POUR GÉRER LE PROFIL
Mais depuis le 12 février, Facebook a étoffé sa politique post-mortem en permettant aux utilisateurs de rédiger des sortes de "directives anticipées" pour leur profil. Concrètement, un usager peut désormais déterminer à l'avance l'avenir de son compte : doit-il rester en ligne, pour être une sorte de réceptacle pour les condoléances et un lieu de recueillement, ou doit-il disparaître, afin de faciliter le travail de deuil des proches et les aider à aller de l'avant ?
Si l'usager opte pour la suppression de son profil, celui-ci sera retiré au moment où vos proches signaleront à Facebook votre disparition, via le formulaire de contact.
S'il opte pour un maintien en ligne, il lui faudra choisir un légataire qui deviendra le gestionnaire du profil. Il aura la possibilité d'effectuer diverses actions, allant du changement de la photo du profil à l'ajout de nouveaux amis (des proches qui veulent établir un "contact numérique" avec le défunt et qui n'avaient pas pu le faire auparavant), en passant par la publication de statuts particuliers (pour donner des précisions sur le déroulement des obsèques, par exemple) et le changement de la photo de couverture.
S'il ne fait rien, Facebook appliquera ses règles actuelles : le profil sera transformé en mémorial lorsque vos proches signaleront le décès.
DES LIMITES POUR L'ADMINISTRATEUR
Quelques garde-fous sont prévus, si jamais l'usager choisit un légataire. Ce dernier pourra effectivement télécharger une archive du profil (incluant les photos, les statuts, les informations diverses et variées), mais celle-ci ne contiendra pas les messages privés. Ces derniers impliquent en effet d'autres personnes qui sont peut-être encore envie et qui pourraient causer du tort, d'une façon ou d'une autre. Les anciens messages publiés par le défunt ne seront pas non plus modifiables ou effaçables.
Cette nouvelle politique est pour l'instant déployée exclusivement aux États-Unis. Mais Facebook étant un réseau social global, celle-ci devrait être progressivement étendue à d'autres pays du monde. On peut supposer que le site fera des légères modifications en fonction de la nationalité du défunt, afin de respecter au mieux les traditions de chaque pays.
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