Depuis l'émergence des services de streaming musical comme Deezer et Spotify, les majors du disque n'ont jamais fait mystère de leur préférence pour les abonnements, qui constituent une source de financement plus conséquente et plus régulière en comparaison des gains obtenus avec les accès gratuits (ces derniers sont sponsorisés par de la publicité diffusée au fil de l'écoute).
Or, il s'avère que les usagers optent en majorité pour les formules qui ne coûtent rien, ce qui déplaît très fortement aux labels. Ces derniers insistent donc lourdement auprès des plateformes pour qu'elles mettent au point des mécanismes destinés à orienter les internautes vers des offres requérant une souscription, au risque de mettre des restrictions fragilisant l'attractivité de ces services.
C'est pour cette raison que des limites existaient sur Spotify (cinq écoutes du même titre sur un mois) et Deezer (écoute gratuite limitée à cinq heures par mois). Mais avec cette approche, les maisons de disques prenaient le risque de favoriser un retour vers le piratage, qui ne leur rapporte rien, contrairement à l'accès gratuit, qui a au moins le mérite d'être une porte d'entrée vers l'offre légale.
"QUATRE ÉCOUTES, C'EST SUFFISANT"
En la matière, Universal Music est allé jusqu'à mettre son catalogue dans la balance dans un bras de fer avec Deezer, avant qu'un accord à l'amiable ne soit conclu. On se souvient aussi des propos de Pascal Nègre (PDG d'Universal Music France, vice-président d'Universal Music et PDG de la SCPP), qui a plaidé à plusieurs reprises pour une limite du nombre d'écoutes sur les accès gratuits.
"Quand on voit des gens qui écoutent 35 fois la même chanson, vous vous dites qu'au bout d'un moment, le gars, il faut qu'il aille acheter le titre. […] Quatre écoutes, c'est suffisant pour savoir si on veut acheter un titre" avait-il déclaré dans une émission de radio, en 2011.
PRESSION SUR LES ACCORDS DE LICENCE
Quatre ans plus tard, Universal Music est toujours dans cette logique. D'après les informations du Financial Times, la major utilise la licence qu'il octroie à Spotify pour l'obliger à faire encore plus pour convertir davantage d'usagers en clients réguliers. Si la plateforme suédoise ne fait pas mieux, elle risque de perdre l'accès au catalogue, faute d'un accord sur la renégociation du contrat.
C'est début 2014 que Spotify a levé le bridage de l'écoute gratuite sur ordinateur, quelques semaines après avoir levé la limite d'écoute sur mobile (dont l'accès est devenu gratuit). Reste à savoir quelles seront les restrictions que le service mettra en place s'il cède aux exigences du label. Faut-il s'attendre à un retour de la restriction du temps d'écoute par mois ? Des limites d'écoute par titre ? Autre chose ?
D'après des données communiquées par Spotify, la plateforme est fréquentée par plus de 60 millions d'auditeurs. Sur ce total, environ un quart passe par une formule payante (soit 15 millions d'abonnés).
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