La victoire contre le piratage ne pourra pas faire l'économie d'une réforme du droit d'auteur. C'est en creux le point de vue de Reed Hastings, l'actuel patron de Netflix. Dans un entretien accordé à The Independent, le directeur du service de vidéo à la demande sur avec abonnement (SVOD), il défend la nécessité d'abolir les restrictions géographiques aux concessions de droits d'exploitation.
Parmi les différentes explications avancées pour justifier la pratique du téléchargement illicite, de nombreux internautes avancent le fait que certaines œuvres ne sont pas disponibles légalement partout. Dès lors, ces derniers empruntent des chemins alternatifs (téléchargement direct, streaming, P2P…) pour accéder quand même à ce qu'ils veulent.
Pour Netflix, ces internautes peuvent revenir dans le champ de l'offre légale si les restrictions imposées contractuellement, qui limitent les licences d'exploitation à des zones géographiques bien spécifiques (en général des pays), disparaissent. Une telle mesure rendrait obsolète le besoin d'utiliser un VPN américain pour regarder en douce une série américaine qui n'est pas proposée en France.
Reed Hastings est néanmoins conscient que les raisons du piratage sont très diverses. "Une partie du piratage tient au fait que certains ne veulent tout simplement pas payer", explique-t-il. Mais Netflix n'a pas vocation à résoudre tout d'un coup de baguette magique. La plateforme de SVOD estime cependant qu'elle peut résoudre une partie de l'équation avec le concours des titulaires de droits.
L'existence de Spotify, Deezer ou Netflix prouve en tout cas que les internautes qualifiés de pirates par l'industrie du divertissement sont prêts à payer un service lorsque la qualité est au rendez-vous. Mais la position de principe affichée par Netflix, qui permettrait de créer un seul et unique catalogue pour le monde entier, se heurte aux intérêts des ayants droits.
À défaut de créer une licence d'exploitation internationale, une solution provisoire pourrait se trouver dans la constitution d'ensembles régionaux. On sait par exemple que le commissaire européen en charge du marché unique concernant le numérique, Andrus Ansip, s'oppose au filtrage géographique en Europe, c'est une barrière pour l'émergence d'un vrai marché intérieur.
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