Le Piratpartiet n’aura pas de représentant au parlement. Dimanche, environ 0,6 % des électeurs ont voté pour le Parti Pirate suédois qui demandait dans son programme une révision complète du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle avec entre autres une limitation du droit d’exclusivité à une durée de 5 ans, l’abolition des brevets et une meilleure protection de la vie privée sur Internet. Pour qu’un député siège à l’hémicycle, il aurait fallu que le parti obtienne 4 pourcents des voix, ou 12 pourcents dans l’une au moins des circonscriptions.
Cet échec-ci n’est pas une surprise, même si officiellement le parti des pirates suédois comptait sur 5 % des suffrages exprimés. En revanche, l’organisation créée en janvier dernier pouvait espérer dépasser le 1 % des voix qui lui aurait permis de bénéficier d’un soutien financier pour imprimer des bulletins et engager du personnel pour les prochaines élections. Ca ne sera pas le cas, malgré la grande couverture médiatique dont a bénéficié le premier parti du genre, qui a depuis été imité en France, Belgique, Italie, Suède, Autriche, Espagne, Russie, Pologne, aux Etats-Unis, et depuis peu en Allemagne.
« Le moral dans le groupe est bon et nous tirons des leçons de cette expérience, puisque nous visons maintenant les élections pour l’Union Européenne en 2009 et la prochaine élection suédoise de 2010« , assure à Wired Rick Falkvinge, le leader du parti.
Quelles leçons pour les prochaines élections ?
A Ars Technica, le Parti Pirate assure en revanche avoir été victime de procédures électorales contestables. En particulier, certains bulletins où le votant marquait lui-même le nom du parti auraient été refusés, et dans certains bureaux les bulletins des partis non représentés au Parlement auraient été placés à part. S’il ne s’agit pas que d’exceptions mineures, le Parti pourrait vouloir déposer une plainte formelle.
Environ 33.000 suffrages ont été exprimés en faveur du Piratpartiet, qui avec 9292 membres est le troisième parti du pays en nombre de militants. Si le parti a failli dans ces élections, il est toutefois parvenu en quelques mois à faire prendre position aux principaux partis politiques sur ces questions de droit d’auteur et de propriété intellectuelle, en faveur d’un assouplissement. Ses membres seront ravis de fêter le départ du gouvernement qui a voté l’équivalent suédois de la loi DADVSI, et celui du ministre de la Justice Thomas Bodström, fortement soupçonné d’avoir cédé aux pressions du lobby de l’industrie hollywoodienne et du gouvernement américain.
La révision du projet de loi DADVSI sera également un sujet bouillant pour les présidentiables en France, mais le degré d’importance du sujet pour les intentions de vote reste très flou. Les socialistes et l’UMP, qui ne veulent pas fâcher le lobby artistique, chercheront de toute façon à éviter le sujet avec la connivence des grands médias qui se satisfont de la loi votée cette année. Si le sujet doit prendre une importance politique, il ne le fera que depuis l’internet lui-même, qui a déjà dans le passé démontré son poids politique en France. Contrairement à la Suède, la France connaît l’une des blogosphères les plus riches et les plus denses au monde.
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