Peut-on tout faire pour faciliter la découverte du contenu des internautes, sous prétexte qu'ils ne l'ont pas rendu privé ? Flickr se prend un déluge de critiques de la part de sa communauté d'utilisateurs, après avoir mis en place un système de tags automatisé qui décrit le contenu de toutes les photos publiées sur le service depuis 2002, pour enrichir son moteur de recherche. 

La semaine dernière, nous avions vu que Flickr avait ajouté de nouvelles fonctions de recherche très efficaces pour permettre la recherche de photos précises, en fonction de la couleur dominante, de l'orientation de la photo, de la profondeur de champs, etc. Mais pour améliorer son moteur de recherche, Flickr a également mis en place une reconnaissance automatique du contenu des images, pour ajouter des tags qui signalent ce que montre la photo ou la vidéo uploadée par l'utilisateur, et ainsi permettre une meilleure indexation.

Pour reconnaître les images, l'intelligence artificielle de Flickr s'est instruite grâce aux millions d'images déjà taggées dans le passé par les utilisateurs du service racheté par Yahoo. Elle a ainsi appris à reconnaître les points communs entre toutes les images avec le tag "chat", pour détecter désormais lorsqu'un un chat est le sujet principal sur la photo, même lorsque l'utilisateur n'avait pas précisé (ou voulu préciser) qu'il s'agissait d'une photo de chat.

Le service ne se contente pas de proposer des tags pour les nouvelles images uploadées, mais impose des tags aux anciennes photos. Par exemple, sur cette photo que nous avions taggée uniquement avec "Oman", Flickr a ajouté automatiquement les tags "extérieur", "paysage", "rivage", "littoral", "mer", "bateau", "véhicule", "côte", "plage", "océan", et "eau", ce qui est presque parfait. 

Nous avons testé ce lundi matin avec l'envoi d'une nouvelle photo, pour laquelle nous n'avons mis aucun tag. Flickr a ajouté automatiquement "éléphant", "animal" et "extérieur" (ce qui reste très basique par rapport à ce que prépare Google, capable même de décrire l'action) :

En revanche, Flickr n'a pas su détecter qu'il s'agissait d'une agrafeuse, et se contente de dire qu'il s'agit d'une photo prise en intérieur :

Bien que pratique sous certains aspects, cette modification est très mal reçue par la communauté Flickr. Nombreux sont les utilisateurs à demander à Flickr de donner une possibilité d'opt-out pour interdire que les anciennes photos soient ainsi décrites par l'intelligence artificielle de Flickr. Même si les images ne sont pas rendues privées, le fait de ne pas les tagger était vécu comme une manière d'éviter qu'elles soient découvertes trop facilement, et c'était donc, en soit, une mesure (illusoire, certes, mais vécue comme telle) de protection de la vie privée.

Depuis la création de Flickr en 2002, nombre d'utilisateurs ne s'imaginaient pas qu'un jour, les images qu'ils ne taggaient pas pourraient tout de même être facilement découvertes par un moteur de recherche, grâce à une intelligence artificielle qui décrirait leur contenu. 

"Comme toujours, Flickr traite votre vie privée très au sérieux en respectant vos paramètres", écrit la filiale de Yahoo. "Vous restez en contrôle complet de quelles photos sont visibles des autres, et lesquelles sont disponibles à la recherche". Mais là encore, c'est oublier que nombre d'utilisateurs de Flickr ne sont pas même pas conscients de cette nouvelle fonctionnalité, et que beaucoup ont probablement perdu leurs identifiants d'antan pour modifier les paramètres de visibilité de leurs anciennes photos.

Par ailleurs même si vous supprimez des tags, Flickr se servira de l'information pour nourrir son intelligence artificielle, en partant du principe que l'utilisateur ne supprimera que ce qui ne correspond pas au contenu, et non pas justement ce qui serait trop précis sur le contenu de sa photo. "Si vous supprimez un tag, notre algorithme apprendra de cette erreur, et fera mieux à l'avenir", explique Flickr. "Le processus de tagging est totalement automatisé, aucun humain ne regardera jamais vos photos pour les tagger".

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