La Russie veut se débarrasser de sa dépendance aux systèmes d'exploitation mobiles d'origine américaine en encourageant l'émergence de son propre OS. C'est ce que rapporte le site russe RBC, cité par Ars Technica. Le ministère des communications et des médias, dirigé Nikolai Nikiforov, a d'ailleurs commencé à travailler en partenariat avec Jolla pour concevoir une plateforme basée sur Linux.
À l'heure actuelle, les trois principaux systèmes d'exploitation mobiles dans le monde – à savoir Android, iOS et Windows Phone – sont développés par des entreprises américaines dont les liens avec la NSA ont été mis en évidence par Edward Snowden en 2013. Ensemble, ces trois plateformes pèsent plus de 99 % du marché des smartphones, selon des données du cabinet IDC pour l'année 2014.
SOUVERAINETÉ TECHNOLOGIQUE
Or pour la Russie, il s'agit-là d'une question d'indépendance. En effet, quelle souveraineté pour un État lorsque celui-ci perd la maîtrise de certaines technologies de l'information et de la communication ? Faut-il rappeler que c'est dans Windows que la variable _NSAKEY a été découverte, ce qui a provoqué de vives suspicions sur les liens entre le gouvernement américain et Microsoft ?
Dans le contexte des révélations sur les activités d'espionnage de la NSA, de l'importance prise par les smartphones et les tablettes depuis plusieurs années et des divergences de vue actuelles entre la Russie et les États-Unis sur un certain nombre de dossiers internationaux, les efforts de Moscou pour réduire la présence des OS américains sont tout à fait justifiés.
Dans cette tâche, la Russie a visiblement fait le choix de faire appel à une société étrangère. En effet, Jolla est une entreprise finlandaise qui a vu le jour après le rapprochement entre Microsoft et Nokia. D'anciens employés de la firme ont préféré s'en aller pour lancer un nouveau projet, Sailfish OS, un système d'exploitation pour mobile qui s'appuie sur Linux.
50 % DU MARCHÉ EN 2015
Cité par RBC, Nikolai Nikiforov a déclaré vouloir faire passer la part des systèmes d'exploitation américains sous la barre des 50 % en Russie d'ici 2025. Et si l'exécutif russe a clairement un intérêt stratégique à se passer des outils provenant d'une puissance étrangère, il a aussi une carte à jouer auprès de la population, en jouant sur la corde de la protection des données personnelles.
En tout cas, ce n'est pas la première fois que la Russie manifeste sa volonté d'indépendance. L'institut central de recherche scientifique a développé en 2012 un clone d'Android pour éviter l'espionnage, tandis que de nouvelles règles interdisent aux ministres d'utiliser l'iPad. Le pays a même l'intention de créer ses propres processeurs pour échapper à la domination d'Intel et d'AMD.
En France, le principe de l'OS souverain a plu à Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif. Cependant, aucune suite n'a été donnée à cette idée. Axelle Lemaire, la secrétaire d'État au Numérique, a déclaré l'été dernier que le gouvernement n'a aucun projet particulier concernant un système d'exploitation "made in France".
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