Faut-il revenir sur la décision de la France de refuser l'asile à Edward Snowden, ce que Manuel Valls a réitéré l'an dernier, et encore cette semaine ? Pour marquer le coup après les révélations sur la mise sur écoute du chef de l'Etat français et de proches collaborateurs, le fait de reconnaître le devoir de protéger la personne qui a permis ces révélations serait symboliquement fort, et humain. Edward Snowden qui s'est mis en fuite après ses révélations est désormais bloqué depuis deux ans à Moscou, et le fondateur de Wikileaks Julian Assange, est quant à lui enfermé dans les murs de l'ambassade de l'Equateur à Londres depuis trois ans. Trois longues années à n'avoir plus franchi la porte du bâtiment londonien, alors qu'il n'est pas condamné à aucune peine. Mais s'il quitte le territoire équatorien, il risque l'extradition vers la Suède puis vers les Etats-Unis.
Jeudi, la ministre de la Justice Christiane Taubira s'est dite ouverte à ce que la France accueille Julian Assange et Edward Snowden au titre de l'asile politique. "Cela serait un geste symbolique" a-t-elle admis sur BFMTV en ajoutant qu'elle ne serait "absolument pas choquée par l'idée". Elle a toutefois précisé que la décision ne lui appartenait pas mais revenait au président François Hollande, au Premier ministre Manuel Valls, et au ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.
Est-ce là l'opinion personnelle d'une Christiane Taubira qui pensait bien du mal de la loi Renseignement mais l'a tout de même défendue ? Est-ce une provocation à l'égard d'un gouvernement qu'elle menace de quitter ? Ou est-ce un message concerté avec l'Elysée, façon "tir de sommation" ?
Ses propos interviennent alors que cette semaine, un proche de François Hollande s'est ouvertement prononcé pour l'asile. "Ce sont des lanceurs d'alerte qui ne peuvent pas en l'état trouver protection dans la loi nationale", a ainsi protesté l'avocat Jean-Pierre Mignard sur Europe 1. "Si l'un et l'autre demandaient à venir en France, compte tenu du service qu'ils ont rendu l'un et l'autre, on pourrait effectivement les accueillir".
Mais c'est pas question pour Manuel Valls, qui s'est lui-même assuré de faire adopter un plan anti-lanceurs d'alertes dans la loi Renseignement. "Cette question ne se pose pas et en tout cas ne réglerait pas le dossier", a-t-il prévenu depuis Bogot. "Nous avons une relation avec les Etats-Unis et sur cette question d’espionnage nous voulons avoir les plus grandes garanties".
Alors que Julian Assange a appelé la France à diriger une rébellion contre les Etats-Unis, "ce n’est pas M. Assange qui dicte à la France ce qu’elle doit faire dans ce domaine-là", a répondu le premier ministre.
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