Le climat se tend autour de YouTube. La filiale de Google a accepté de retirer 100.000 vidéos à la demande du conglomérat Viacom, maison mère de chaînes de TV à succès telles que Comedy Central ou Nickelodeon. Certains parlementaires seraient prêts à légiférer contre YouTube.

Il est actuellement très difficile de contrer la progression du piratage sur des sites comme YouTube aux Etats-Unis. La loi américaine favorable aux intermédiaires techniques sur Internet n’oblige pas les hébergeurs de vidéos à filtrer automatiquement l’ensemble des contenus. Ils ont simplement, comme en France depuis la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LEN), l’obligation d’agir sous 7 jours dès lors qu’un ayant droit leur notifie l’existence d’un contenu illicite hébergé sur leurs serveurs. Google n’hésite pas à se protéger derrière ce régime favorable pour contraindre l’industrie culturelle à s’adapter. La Sacem allemande, la GEMA, en a fait la douloureuse expérience

Toutefois cette situation devraient changer avec l’apparition de publicités au coeur des vidéos. Google/YouTube ne se contenterait plus d’être un simple prestataire technique, un intermédiaire entre celui qui poste une vidéo et celui qui la lit, mais interviendrait directement en « responsable éditorial » qui profite directement de la vidéo piratée. C’est sur cette base que Viacom a dénoncé l’attitude de YouTube, qui n’a toujours pas mis en place le filtre qui était promis pour la fin de l’année 2006. « Après des mois de discussions répétées avec YouTube et Google, il est devenu clair que YouTube n’est pas disposé à proposer un accord de marché équitable qui permettrait aux contenus de Viacom d’être disponibles pour les utilisateurs de Youtube », s’est plainte la société dans un communiqué publié vendredi dernier. Le groupe, qui édite des chaînes à succès parmi lesquelles Comedy Central, MTV et Nickelodeon, a exigé la suppression de plus de 100.000 vidéos tirées de ses programmes. YouTube a accepté.

Une nouvelle loi pour contrer l’ascension de YouTube ?

« Il est malheureux que Viacom ne puisse plus bénéficier du public passionné de YouTube, qui a aidé à promouvoir beaucoup d’émissions de Viacom », a répliqué YouTube. Il est vrai que la position ferme de Viacom contraste avec le discours du patron de CBS David Poltrack, qui a trouvé un accord avec la filiale de Google. Plusieurs autres ayant droits comme la BBC ont eux aussi manifesté un intérêt à signer un partenariat avec YouTube plutôt que d’entrer en guerre. En France, DailyMotion a signé un accord remarqué avec Warner Music. Tous veulent profiter des programmes de partage de revenus annoncés par ces nouveaux acteurs de l’audiovisuel.

Il n’y a cependant pas que Viacom a regardé YouTube sous l’angle judiciaire. La toute récente organisation de musique indépendance Merlin aurait déjà jeté l’éponge des négociations et s’apprêterait à porter plainte contre YouTube. Selon Declan McCullagh, un journaliste de Cnet expert des questions parlementaires liées à Internet, certains députés pourraient revenir sur le régime spécial accordé aux prestataires techniques pour mieux défendre les ayant droits face aux géants de l’Internet. Les questions de droits d’auteur sont parfaitement transpartisanes aux Etats-Unis, et le basculement du Congrès dans le camp démocrate ne devrait rien changer à l’équilibre des forces.

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