Non, nous ne parlerons pas ici du désormais culte « Désolé, un problème technique est survenu. Nos ingénieurs ont été avertis et vont s’en occuper », auquel tout myspaceur a dû faire au moins une fois la cruelle expérience. Car il y a pire cauchemar encore : la suppression erronée d’un compte par l’autorité supérieure.
C’est par exemple l’histoire de Torapamavoa, un morceau de rap ironisant sur le candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy. Publié sur MySpace, il attira foules d’internautes pendant quelques jours, jusqu’à ce que la page soit fermée sans aucune autre forme de procès.
Torapamavoa a alors décidé de faire tourner un bulletin, ayant pour but de réunir assez d’internautes pour déplorer la fermeture de son profil. Pression qui se révéla assez forte pour que les techniciens de MySpace daignent le contacter et s’excuser de cette erreur. C’est beau la net démocratie.
Les propos rapportés par Torapamavoa dans cette affaire montrent surtout, au delà de la polémique, l’existence d’une procédure de bannissement qui prendrait sa source à la maison mère de MySpace, aux Etats-Unis. La fermeture du compte s’enclencherait automatiquement de là-bas lorsqu’un profil présente un nombre anormalement élevé de clics signalant le profil comme ne répondant pas aux conditions d’utilisation de MySpace.
Dès lors, lorsqu’après examen il se révèle que le contenu en question n’avait rien de déviant par rapport au règlement, MySpace France ne peut que se contenter d’essuyer les dégâts. « Ils ne comprennent pas toujours très bien ce qu’il se passe en France au sujet des profils » reconnaissait ainsi Marc Mayor lors d’un coup de fil passé au propriétaire de Torapamavoa.
Même écho du côté du groupe The D. Le profil avait reçu 10.000 écoutes en une journée suite à un article diffusé dans Le Monde. Alerté par la montée en charge soudaine, MySpace croit à une fraude commise pour biaiser les chiffres de fréquentation, et supprime purement et simplement le compte.
Monte Christo, leur manageur, nous avouait dans l’après midi qu’une de ses connaissances avait obtenu du directeur de MySpace France un aveu d’impuissance par rapport à la maison mère, comme pour Torapamavoa. « J’ai eu deux sons de cloche. D’un côté, le MySpace américain qui me dit que c’est une fraude, et de l’autre, le directeur de MySpace France qui me dit que c’est une erreur. » En attendant, le profil est réouvert mais le compteur de visite, si cher aux artistes lorsqu’il s’agit d’avancer un argument marketing, redémarre à zéro.
Ecoutes-moi, Tom !
MySpace est un formidable outil de promotion lorsqu’il s’agit de faire monter le buzz autour d’un groupe. Entre Tila Tequila qui s’appuie dessus pour propulser ses ventes, et les signatures issues de découvertes sur le réseau telles que Clap Your Hands Say Yeah, les exemples ne finissent plus d’arriver, l’un après l’autre, confirmant le site détenu par Rupert Murdoch comme une plateforme qui, malgré elle, favorise l’émergence de nombreuses formations sorties de nulpart.
« Malgré elle », car le réseau communautaire n’a pas pour vocation première de dégoter les petites pépites qui feront les cartons de demain. Marc Mayor, directeur de MySpace France, s’empresse de rappeler que « nous n’avons pas vocation à produire des artistes. Beaucoup ont été découverts chez nous, mais il ne faut pas croire que MySpace est un générateur spontané de talents. Ces artistes travaillaient depuis des années« .
Evidemment, MySpace ne fait pas tout, et le talent ne peut qu’y gagner un canal de diffusion au potentiel indéniable. Le fait que les alternatives peinent à prendre sous l’ombre énorme déployée par le réseau n’arrange en rien la destruction de son monopole que certains aimeraient bien voir tomber. Alors, en attendant de constater une remise en question de sa position, MySpace reste l’outil dont peu de groupes émergeants peuvent se passer.
Les relations avec la plateforme deviennent presque étatiques, et le sort d’une page a autant d’importance pour l’artiste que ses déclarations d’impôt. Mais, comme toute administration ventripotente, celle de MySpace possède ses failles.
Et quand l’alternative n’offre pas de perspective d’audience aussi miroitante que celle de MySpace, vous n’avez d’autre choix que de vous plaindre auprès du sacro-saint Tom, Dieu tout puissant aux 172284941 amis – sûrement plus depuis que cet article est paru – dans l’espoir que le message arrive à ses oreilles.
Avertissement donc aux prochains artistes qui comptaient se révéler aux yeux du monde en publiant un tube au potentiel interplanétaire sur MySpace : le réseau surveille de près vos compteurs, et un succès fulgurant peut vous valoir quelques mauvais tours…
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