Depuis avril 2006, la Freebox HD s’était vu équipée d’un encodeur. On sait maintenant à quoi celui-ci était destiné. L’idée de la TV Perso, c’est d’offrir aux « partageurs de contenu » la possibilité de brancher directement leur caméscope sur le set-top box, et d’en diffuser les images à la communauté des « freenautes » sans aucune autre forme de procès.
D’accord, ce n’est pas une grande nouveauté dans le sens où « l’user generated content » existe depuis un bout de temps. Mais là où TV Perso se distingue des sites de type YouTube, au delà du raccourci qu’il offre entre vidéo filmée et vidéo diffusée, c’est dans la possibilité de transmettre en live. Une espèce d’adaptation de la webcam, en somme, avec le partage de contenu.
Il devient dès lors possible, au prix d’un léger différé de quelques secondes le temps qu’elle soit encodée au MPEG-2, de montrer directement à la communauté n’importe quelle performance « live », du concert de flûtes de pan dans le salon à sa tentative de battre le record du plus grand nombre de Flanby gobés en une minute.
La Freebox permet aussi, en plus de la diffusion live, de garder une trace de la vidéo – pour le comité d’homologation des records – ou de la diffuser en différé, chaque abonné disposant pour cela d’un stock de 7 heures sur les serveurs de Free.
Quel contrôle de contenu ?
On peut alors imaginer toute sorte de dérives douteuses. Et, sans, aller aussi loin que vous aviez déjà esquissé comme possibilités, rien que le fait pour une vidéo au contenu « olé olé » de se retrouver en dehors de la section adulte ; ou encore celle pour un utilisateur de relier une chaîne à abonnement payant du type Canal + vers sa Freebox grâce à un subtile cablage permettant la diffusion gratuite à un groupe d’amis.
Mais Free reste assez vague sur le contrôle du contenu. On nous parle dans un premier temps de l’absence d’équipes de modération, puis de modération des équipes techniques, et enfin de modération par les utilisateurs eux même. Bref, Free semble se lancer dans l’aventure tête baissée sans trop se soucier des applications de son système auxquelles il n’avait pas pensé.
Le fournisseur d’accès se réfugie derrière le fait que, contrairement à YouTube où les vidéos peuvent être postées de manière plus ou moins anonyme (même s’il est toujours possible de remonter à la source), Free possède les coordonnées complètes des abonnés qui postent. Dès lors, plus besoin de se soucier de ce genre de dérives, puisque l’utilisateur saura en son âme et conscience qu’on peut le repérer.
Vers une auto-modération ?
Ce que semble cependant oublier Free, c’est que les « partageurs de contenu » diffusent rarement des vidéos non autorisées par défi contre ce qui est établi, mais tout simplement parce qu’ils n’ont même pas conscience de la non légitimité de leur acte. Il est donc tout à fait irréaliste de se dire que, parce que ces utilisateurs auront plus ou moins conscience du fait qu’ils sont facilement repérables, ceux-ci seront plus respectueux de la propriété intellectuelle ou de toute forme de respect des moeurs.
D’ailleurs, comme le soulignait à juste titre un journaliste lors de la conférence, les utilisateurs n’auront aucune raison de s’auto-modérer pour un contenu dont ils profitent. Qui d’autre a des raisons de se plaindre de contenus diffusés sur YouTube, sinon les ayants droit ?
D’autant plus que le FAI n’exclue pas la possibilité à l’avenir de mettre en place une solution de rémunération, du type partage de revenus publicitaires. Et, comme tout le monde le sait, dès que de l’argent entre en jeu, les problèmes ne tardent pas à arriver.
Bref, l’offre de Free semble vraisemblablement se diriger vers un service d’auto-production avant tout, qui pourrait très bien aboutir dans le meilleur des cas au développement d’émissions faites maison. Mais, comme toute technologie nouvelle, l’appropriation des utilisateurs n’est pas forcément celle qui était attendue par ses concepteurs.
Plus de détails sur le service sur http://adsl.free.fr/tv/tvperso
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