C’est une étape très importante dans le développement de Jamendo, mais aussi pour le développement de l’industrie du disque dans son ensemble. C’est en effet la première fois qu’un fonds d’investissement mise sur une projet de musique libre, où le modèle économique principal n’est pas la vente de musique enregistrée.
Certes, Mangrove Capital Partner n’a pas un portfolio très fourni en succès, mais il possède à son actif un nom qui suffit à lui tout seul à donner toute sa crédibilité à l’investissement : Skype. Mangrove était en effet le premier fonds à avoir misé sur Skype, lequel fut revendu ensuite à eBay pour 2,6 milliards de dollars.
« Nous partageons la même vision et les mêmes sensibilités en ce qui concerne le futur de la musique« , assure Laurent Kratz, qui montre ses ambitions pour Jamendo : « Grâce à cet investissement nous prévoyons de devenir le leader incontesté de la musique libre« . Finie l’image d’amateurisme éclairé, Jamendo passe à la vitesse supérieure avec les risques que cela comporte sur son image de marque, fondée sur une communauté souvent lointaine des préoccupations capitalistes. Or Jamendo annonce la couleur. Ils ont « l’intention de mettre en place les ressources humaines, financières et matérielles suffisantes pour accroître le trafic et le nombre d’albums pour l’Amérique du Nord, le Brésil, l’Inde et la Russie « . Un discours conquérant.
Quelle rentabilité pour Jamendo ?
Toute la difficulté pour Jamendo a été de convaincre des investisseurs qu’un modèle économique viable pouvait se bâtir sur de la musique libre souvent synonyme de gratuité. Selon nos informations, le luxembourgeois a dû organiser ces derniers plusieurs sessions d’évangélisation à l’égard d’investisseurs sceptiques sur le modèle économique de la musique libre, en invitant certains des meilleurs spécialistes. Contacté par Ratiatum, Jamendo ne souhaite pas communiquer le montant de l’investissement réalisé par Mangrove, mais assure qu’il « nous permet de voir sereinement les prochains mois et de monter une équipe d’une douzaine de personnes« .
En estimant un budget conservateur de 3000 euros par personne sur douze mois, l’investissement s’élèverait à un peu plus de 400.000 euros, sans compter les coûts de promotion et divers frais annexes. Peu importe l’exactitude du chiffre, le premier investisseur doit surtout servir à rassurer les suivants. Le deuxième tour de table n’est pas encore d’actualité, mais il pourrait intervenir rapidement, nous assure-t-on à ce propos.
Pour séduire, Jamendo doit d’abord prouver la solidité de son socle communautaire. Le site compte aujourd’hui 40.000 titres et annonce 500.000 visiteurs uniques par mois. Les statistiques du site montrent une progression toujours exponentielle du nombre d’albums disponibles, mais une croissance plus lente voire une stagnation du nombre de visiteurs :
Cette dernière courbe n’est sans doute pas très rassurante puisqu’elle montre une relative saturation de la demande quand l’offre continue de progresser. D’autant moins rassurante que Jamendo mise beaucoup actuellement sur son programme de partage des revenus publicitaires avec les artistes (500 d’entre eux ont perçu des revenus en juillet).
Mais Jamendo a encore beaucoup de terrains à explorer pour se développer, et il est trop tôt pour voir des signes d’une faiblesse réelle.
En particulier, Jamendo pourrait énormément développer à l’avenir ses accords commerciaux avec des partenaires pour qui vendre de la musique n’est pas le premier métier, mais qui trouvent de la valeur ajoutée dans le fait d’en proposer gratuitement. Pourquoi pas Apple ou même…. Google ?
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