A force de regarder l’industrie musicale passer maître en la matière, l’industrie du film aussi est en train de réussir à perdre toute magie et à détériorer sérieusement son image publique. C’est ainsi l’histoire de Jhannet Sejas, une jeune immigrée bolivienne de 19 ans, qui fait ses études près de Washington et fête son anniversaire avec son petit ami. Ensemble, ils vont faire les boutiques et prennent des photos souvenir avec le Canon Powershot de la soeur du petit ami. Comme nous sommes aux Etats-Unis, ils finissent dans un grand mall qui, comme la plupart des mall, abrite un cinéma. Le film au programme est Transformers, tout juste sorti sur les écrans. Ils sont un peu en retard, mais décident de payer quand même 15 $ pour voir le film.
Les voilà donc confortablement assis en train de regarder le film quand Jhannet, émerveillée par les effets spéciaux, décide de sortir l’appareil photo et de filmer un extrait de 20 secondes pour l’envoyer à son petit frère et le convaincre d’aller voir le film. Elle n’avait alors pas conscience du crime de lèse studioté qu’elle était en train d’accomplir !
Ni une ni deux, deux agents de police du coin débarquent lampe torche à la main et expédient le couple hors de la salle, avant de leur saisir l’appareil photo et de poursuivre l’étudiante.
Très visiblement, il n’y avait là aucune intention de pirater le film et d’en distribuer une copie sur le net. Au contraire, elle voulait faire de son petit frère un bon petit consommateur qui irait rapidement acheter sa place de cinéma. « J’étais terrifiée », raconte-t-elle, « j’étais en pleur, je n’avais jamais été dans une telle situation avant ». Mais la direction du Regal Cinemas, l’exploitant des salles, ne veut rien entendre. Il décide de maintenir sa plainte, avec le ferme soutien de la MPAA, le lobby des studios d’Hollywood. Une première. « Quatre-vingt pourcents des films sortis récemment qui ont été piratés le sont en étant filmés dans les salles de cinéma », justifie Kori Bernards, porte-parole de l’Association. « Ca se passe partout, et il y a une grande vague de camcording dans la région de Washington ces temps-ci ».
Par principe, ni l’un ni l’autre ne souhaite céder. Pour la MPAA, ça n’est pas aux exploitants de salle de dire si tel acte de camcording est plus légitime que tel autre. C’est à la justice d’en décider. Et pour la Justice, la loi ne fera pas de doute. Depuis 2005, le fait de filmer un film au cinéma est un délit fédéral.
Jhannet Sejas, dont le casier judiciaire est parfaitement vierge, qui avait une attitude exemplaire de bonne citoyenne, doit donc se rendre ce mois-ci au tribunal. Elle risque un an de prison et 2500 $ d’amende.
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