Appréciez le ridicule de la situation. En 2004, Sony sortait sur le marché sa plate-forme de musique en ligne Sony Connect, dont notre appréciation fut pour le moins critique en grande partie à cause de la gestion des DRM propriétaires imposés par le japonais sur les fichiers musicaux. Pressée par les maisons de disques de protéger les morceaux de musique vendus aux consommateurs (présumés pirates, cherchez l’erreur), Sony ne s’était pas fait priée, étant elle-même friande de protections. Elle imposait à ses clients le format propriétaire ATRAC3, bien que la plupart demandaient le format universel MP3, compatible avec l’ensemble des baladeurs et logiciels du marché. Sony n’a jamais pu expliquer véritablement aux clients pourquoi il persistait à proposer de l’ATRAC3 et à protéger ses morceaux. Evidemment, le service n’a jamais trouvé preneurs et Sony Connect s’est trouvé rapidement oublié sous la pression toujours croissante d’un seul et unique acteur de poids, iTunes. Tout cela, en partie, à cause d’une obstination compulsive à vouloir protéger les morceaux contre le piratage.
Sony Connect va donc fermer, pas avant mars 2008, mais les DRM imposés aux consommateurs resteront. Sur sa FAQ officielle mise en ligne aujourd’hui, Sony explique aux clients qu’ils ne devraient pas avoir de problème, mais qu’il vaut tout de même mieux « archiver leur bibliothèque musicale sur des CD audio ». Mieux, à la question « que dois-je faire avec des contenus ATRAC qui ont des DRM ? », Sony répond que « vous pouvez les graver sur un CD audio et les ré-encoder au format MP3 pour continuer à en profiter pour votre usage personnel » ! Sous-entendu, il faut contourner le DRM de Sony Connect en gravant les morceaux de musique sur un CD pour retirer toute protection, puis en les ré-encodant (avec la perte de qualité que cela induit) pour en profiter librement au format MP3. Celui-là même que Sony et les maisons de disques fuyaient comme le diable.
Car c’est bien un effet pervers des DRM qu’ont totalement voulu éclipser maisons de disques et plate-formes lors des débats sur la législation anti-contournement. Rien n’est éternel, et surtout pas une activité commerciale. Or si un service sur lequel un contenu acheté meurt, les serveurs chargés de délivrer les autorisations de lecture meurent aussi. Le consommateur qui a légalement acheté son contenu et qui a besoin de renouveler l’autorisation – par exemple lors d’une réinstallation de Windows – se trouve donc dans l’impossibilité de lire la musique ou la vidéo qu’il avait acquise.
Le problème est d’autant plus scandaleux que les nouvelles spécifications du Windows Media ne prévoient plus la possibilité pour les consommateurs de réaliser une sauvegarde locale de leur licence.
Répétons-le donc encore une fois, il n’y a jamais d’achat définitif lorsque l’objet acheté est protégé par DRM. Au mieux, il s’agit d’une location à durée indéterminée.
Sauf à faire ce que propose Sony mais ce qu’interdit la loi DADVSI : contourner le DRM pour l’effacer.
Notez par ailleurs que Sony a annoncé l’abandon pure et simple du format ATRAC, au profit des formats Windows Media, AAC (avec ou sans DRM) et MP3. Ses nouveaux baladeurs pourront également se passer de tout logiciel intermédiaire pour le remplissage, grâce au protocole UMS.
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