Les chiffres sont là(.pdf) . 4,15 milliards de dollars engrangés dans les salles de cinéma américaines du premier week-end de mai jusqu’au Labour Day, le premier lundi de septembre. Du jamais vu dans toute l’histoire d’Hollywood qui avait uniquement frôlé les 4 milliards de dollars en 2004. Spider-Man 3, Knocked Up (« En cloque, mode d’emploi »), Ratatouille et Hairspray ont tous les quatre dépassé pendant l’été les 300 millions de dollars d’entrées rien qu’aux Etats-Unis. A l’exception de 2000 et 2005, le chiffre d’affaires réalisé pendant les étés par les studios de cinéma augmente chaque année.
Malgré ces chiffres excellents et rassurants, la MPAA (Motion Picture Association of America) et l’ensemble de l’industrie du cinéma dans le monde continuent de tenir un discours paranoïaque face au piratage. Le site de la MPAA est à cet égard particulièrement parlant. Les trois communiqués de l’Association mis en page d’accueil parlent tous du piratage. L’essentiel du contenu de la page est d’ailleurs dédié aux « voleurs de films » et au droit d’auteur. Aucune « positive attitude », car le lobbying ne marche que s’il se base sur la complainte permanente.
Ici en rouge, les zones de la page d’accueil de la MPAA réservées à la question du piratage et de la lutte contre le piratage :
Il y a pourtant peu de rationnalité dans la surenchère continue à la protection des œuvres, aussi bien technique que juridique. Malgré un prix moyen du ticket de cinéma passé de 4,69 $ à 6,85 $ entre 1998 et 2007 (soit près de +50 % en moins de 10 ans), le nombre de spectateurs par été reste stable voire progresse. Il a dépassé les 600 millions cette année après être descendu à 563 millions en 2005.
Bien sûr, l’industrie du cinéma attribuera paradoxalement ces bons chiffres 2007 plus volontiers à l’efficacité de sa lutte contre le piratage qu’à la qualité de ses films ou à l’intérêt renouvelé des spectacteurs pour le cinéma. Il faut que les DRM restent omniprésents, que la copie privée soit définitivement piétinée et que les lois soient toujours davantage renforcées contre les copieurs amateurs. Pour réussir cela, il faut entretenir chez le législateur la peur du piratage, tout comme certains états entretiennent chez les concitoyens la peur du terrorisme pour justifier des lois plus invasives. La peur est en effet toujours le moyen le plus fort pour assurer le contrôle, et l’industrie culturelle semble l’avoir parfaitement compris.
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