Après s’être attaqués aux réseaux P2P, les maisons de disques tournent leur attention vers le vieux réseau Usenet, qui a gagné une seconde jeunesse en protégeant l’anonymat des utilisateurs. Le fournisseur Usenet.com est ainsi poursuivi par de nombreuses maisons de disques pour le fait de faciliter le piratage…

Les newsgroups ne sont plus en paix. Ca avait commencé avec le belge Belgacom qui avait décidé de supprimer ses serveurs, puis par la condamnation en Allemagne de Usenext, l’un des principaux fournisseurs européens. Ensuite Firstload a vu ses encaissements bloqués par Visa et Mastercard, et plus récemment Free a décidé de supprimer 14 des newsgroups les plus litigieux relayés par ses serveurs Usenet (pour plus d’explications sur le réseau Usenet et Newsgroups, rapportez-vous à notre dossier de 2005).

Lundi, Billboard annonce que plusieurs gros labels ont décidé de porter plainte contre le fournisseur d’accès aux newsgroups Usenet.com. La plainte a été déposée vendredi au tribunal d’instance fédéral de New York, et fait grief au prestataire d’autoriser et d’encourager ses clients à reproduire et à distribuer des millions d’enregistrements musicaux sans l’autorisation des labels.

Coupable mais pas responsable ?

Le fournisseur propose en effet des serveurs Usenet qui, fidèles au protocole mis en place bien avant l’arrivée du P2P (il s’agit de l’ancêtre des forums de discussion), dupliquent et stockent ce qui est proposé sur les autres serveurs Usenet. Ensemble, ces serveurs constituent une sorte de réseau P2P géant, où les fichiers restent accessibles pendant plusieurs semaines aux utilisateurs. Tous sont répartis entre différents « dossiers », qui sont autant de newsgroups aux noms parfois évocateurs (par ex. alt.bin.divx). Face à la fébrilité des FAI qui hésitent à rendre le service accessible à leurs abonnés, de nombreux fournisseurs payants comme Usenet.com se sont engoufrés dans la brèche et proposent des giga-octets de téléchargements à vitesse éclair pour quelques euros par mois (le site newsgroups-info.com propose un comparatif des offres). Pour leur défense, ces fournisseurs indiquent qu’ils ne contrôlent pas ce qui est envoyé sur leurs serveurs, et qu’ils servent uniquement de relai technique à un réseau autonome. Ils se disent alors protégés par les lois qui déresponsabilisent les hébergeurs en cas d’utilisation frauduleuse de leur service.

Mais dans leur plainte, les labels prennent un angle astucieux pour contrer cette défense. Pour eux, Usenet.com copie ce qui est disponible sur le réseau Usenet et vend ensuite l’accès aux newsgroups auxquels il a délibéremment choisi d’autoriser l’accès. Comme l’ont démontré les exemples de Free et Belgacom, il est tout à fait possible techniquement de ne pas donner l’accès à certains newsgroups triés sur le volet. Les labels reprochent donc à Usenet.com de ne pas censurer les newsgroups qui hébergent explicitement des milliers d’albums piratés, et ne sont dédiés qu’à cela. Difficile de leur donner tort.

De plus, ils reprochent à l’hébergeur d’avoir fait la promotion du téléchargement gratuit de musique, et de l’anonymat permis par son service de téléchargement par protocole SSL (un service également proposé par Giganews). Car contrairement aux réseaux P2P, les maisons de disques n’ont aucun moyen de savoir qui télécharge quoi sur le réseau Usenet. C’est pour elles autant un problème marketing qu’une véritable entaille dans leur politique de répression contre les internautes.

Cet été, la firme Big Champagne notait que les newsgroups ont réalisé une forte percée chez les consommateurs cette année…

Les plaignants sont Arista Records, Atlantic Recording, BMG Music, Capitol Records, Caroline Records, Elektra Entertainment Group, Interscope Records, LaFace Records, Maverick Recording, Sony BMG Music Entertainment, UMG Recordings, Virgin Records America, Warner Bros. Records et Zomba Recording.

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