De plus en plus de chercheurs s’accordent à dire que la relation sexuelle avec un robot devrait constituer un nouveau phénomène de société d’ici cinq ans. L’un d’entre eux, David Levy, estime même qu’avec le développement des logiciels de simulation de personnalité, l’état du Massachusetts pourrait légaliser le mariage humain robot en 2050. Quand la réalité rejoint la (science)-fiction…

L’intelligence artificielle passionne les foules et suscite nombre de questionnements éthiques qui ont maintes fois été explorés par la science-fiction. Le mois dernier encore, Paroles d’auteurs, une émission diffusée par France Culture, invitait Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie et spécialiste sur la question, à tenter d’éclaircir ce point (la conférence est consultable temporairement ici). Ce qu’il faut en retenir, c’est que même si l’intelligence artificielle peut dépasser les facultés humaines sur certains points comme le calcul, « l’affect » poursuivi par ses promoteurs ne sera jamais plus qu’une tentative de reproduire le plus fidèlement possible les comportements humains.

Mais que se passerait-il si cette simulation devenait si ressemblante, que vous pourriez en tomber amoureux ? C’est la question à laquelle essaie de répondre David Levy, à l’Université de Maastricht. Le chercheur a en effet repris les raisons pour lesquelles les gens tombent amoureux, définies par les psychanalystes. A partir de là, il explique que « la plupart d’entre elles peuvent être appliquées aux relations humain-robot. Par exemple, une chose qui pousse les gens à tomber amoureux sont les similarités avec la personnalité et le savoir, et ces deux traits sont programmables. Une autre raison est que les gens tombent plus facilement amoureux des personnes qui leur ressemblent, ce qui est aussi programmable ».

Bien sûr, on est encore loin d’y arriver mais il suffit de considérer le succès de robots pouvant susciter l’affection de son propriétaire, comme les Tamagotchis ou le robot chien Aibo de Sony, pour se rendre compte que l’idée défendue par Levy n’est pas aussi saugrenue qu’elle en a l’air. Dès lors, le chercheur estime qu’avec des robots qui prendront un aspect de plus en plus humain, beaucoup de gens pourront en tomber amoureux, coucher avec, et même se marier. « Ca a l’air un peu bizarre, mais ça ne l’est pas » explique-t-il dans sa thèse. « L’amour et le sexe avec les robots sont inévitables ».

Déjà l’année dernière Henrik Christensen, fondateur du réseau européen de recherche en robotique, prévoyait l’arrivée du sexe avec les robots dans cinq ans. Levy, qui s’accorde sur cette estimation, va même plus loin que son homologue. Avec l’apparition de logiciels qui permettent de mieux simuler une personnalité chez un robot, le mariage pourrait être légalisé dès 2050 dans le Massachusetts, un état à la juridiction plus libérale que le reste des Etats-Unis qui avait déjà été précurseur pour le mariage gay.

« Si vous me demandez si tous les humains voudront se marier avec un robot, ma réponse est sûrement que non » explique Ronald Arkin, un chercheur du Georgia Institute of Technology à Atlanta qui ne croit pas à la légalisation du mariage prédite par Levy. « Mais y aura-t-il une minorité ? Il y a déjà des gens prêts à se marier avec des objets sexuels« .

De là, les scientifiques se laissent imaginer toutes sortes de scénario. Pour Levy, il s’agirait surtout de remplacer le « chéri, pas ce soir, j’ai une migraine » par « chéri, j’ai une migraine, pourquoi ne pas utiliser ton robot ? » Arkin, lui, voit plutôt les possibles répercutions la prostitution humaine, voire de la pédophilie. « Si vous autorisez un pédophile à utiliser un robot enfant, cela réduira-t-il les abus sur des enfants réels ou l’augmentera ? Je ne pense pas que quelqu’un ait une réponse à ça ; c’est là où les futures recherches devront se pencher ».

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