On connaissait les rapports tendus qu’entretenait le gouvernement chinois avec les plateformes de partage de vidéo. Il y a quelques mois encore, ce dernier bloquait sans crier gare YouTube. Mais une nouvelle réglementation, qu’il prévoit d’appliquer à partir du 31 janvier, pourrait bien apporter de le dernier mot de cette situation, naturellement de manière nettement avantageuse pour lui.
Il s’agirait en effet, d’après le Sydney Morning Herald, de soumettre tous les sites hébergeant des vidéos et permettant aux utilisateurs de diffuser leur contenu, à l’obligation d’obtenir une autorisation spéciale de l’Etat. Bien sûr, il s’agit d’une forme d’interdiction prononcée à demi-mots car les plateformes auront évidemment toutes les peines du monde à obtenir cette autorisation, sauf à se plier à des conditions d’exercice inacceptables. Comme le stipule la loi, « Ceux qui fournissent des services vidéo sur Internet devront servir le peuple, le socialisme… et respecter le code moral du socialisme. » Ces propos flous cachent une censure on ne peut plus drastique et éthiquement inacceptable.
Restera donc pour les plateformes deux options : se voir suspendre pour une période de cinq ans, un bannissement démesurément long à l’échelle de vie d’Internet, ou … se faire contrôler par l’Etat ! Autant dire que cette option n’est en aucune manière envisageable pour les plateformes internationales du type YouTube ou Google Video, mais vise plutôt les chinoises, comme Tudou.
« Nous pensons que le gouvernement chinois reconnaît pleinement la grande valeur de la vidéo en ligne et ne renforcera pas les réglementations dans un sens qui pourrait priver les chinois de ses bénéfices et son potentiel pour le développement économique, les affaires, l’éducation, la culture, la communication, et les loisirs » a donné Ricardo Reyes, porte-parole de YouTube, en guise de réponse.
Quoiqu’il en soit, cette mesure n’est de toute façon qu’un prétexte pour fermer définitivement ces « gênes » pour le gouvernement, et YouTube et ses confrères ne pourront que se mordre les doigts en voyant passer sous leur nez un potentiel énorme d’audience. Elle constitue aussi une grave atteinte à la liberté d’expression et la communauté internationale se doit de réagir. Un premier pas avait été franchi lorsqu’Amnesty International dénonçait les travers de la censure des plateformes de partage de vidéo mais qu’a-t-il été fait depuis ? Rien.
Cela dit, le problème est épineux. Les emprisonnements de journalistes en Chine sont monnaie courante et personne n’ose taper sur les doigts du gouvernement de peur de se froisser avec la toute grande puissance. Lorsqu’il s’agit de prendre des sanctions économiques contre les petits pays ne partageant pas sa vision de la démocratie, les Etats-Unis sont champions, mais que peuvent-ils bien faire contre la Chine ? Pourtant, la puissance n’est pas si infaillible que ça et une action concertée de la communauté internationale pourrait changer la donne car la Chine est nettement dépendante des marchés extérieurs. Mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, et le débat dépasse largement la question des plateformes de partage de vidéo.
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