La semaine dernière voyait-on avec surprise renaître l’idée d’une licence globale dans la sphère politique. Elle était portée par la commission Attali, qui avait par ailleurs l’aval de Nicolas Sarkozy. Plus étonnant encore était la réaction du président, qui, excepté quelques points, se disait globalement d’accord avec l’essentiel du rapport.
Mais les acteurs n’ont pas tardé à afficher leur opposition farouche à l’idée d’une licence globale. « Si la proposition Attali était adoptée, cela conduirait ni plus ni moins à décourager tous les investissements en cours chez les opérateurs de télécoms, les FAI, et les plateformes qui sont en train de déployer toute une panoplie de services gratuits ou payants pour le consommateur. » répond Jérôme Roger, directeur de la SPPF, lorsque PCInpact l’interroge sur la question.
Le découragement. On retrouve cette même notion dans le discours d’inauguration du Midem que vient de tenir Christine Albanel. « La licence globale en revanche ne manquerait pas de décourager [les] efforts d’adaptation, d’innovation et d’amélioration de l’offre légale. » Loin d’être une simple coïncidence, cela marque surtout la propension de notre ministre de la culture à assumer bien plus un rôle de ministre des maisons de disque que de ministre du public.
« Cette proposition n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable avec mon ministère ni, que je sache, avec les professionnels » ajoute-t-elle. « La simplicité a pu séduire dans un contexte où l’offre légale était déficiente, mais qui apparaît désormais en décalage total avec le dynamisme dont font preuve les acteurs économiques. Ce qui est particulièrement paradoxal pour une proposition qui veut contribuer à la libération de la croissance française ! »
La licence globale, donc, ça aurait été bien au début. Mais maintenant que certains acteurs commencent à en proposer leur propre version – en tête Orange (musiLine) ou Neuf Cegetel (Neuf Music) – il n’apparaît plus nécessaire d’y revenir.
Voilà qui est assez contradictoire. Depuis une vingtaine d’années, l’Etat ne cesse de se désengager de tout dirigisme économique. A la place, il préférait se poser comme régulateur du marché. Or, avec le développement d’ersatz de licence globale, ce sont les opérateurs qui sont en train de dicter la façon dont cette dernière prendra forme. Cette transition semble inéluctable, et il serait d’autant plus aisé pour l’Etat de l’encadrer quand elle est encore balbutiante, plutôt que de le faire une fois que tous les acteurs seront positionnés et qu’il lui sera plus difficile de faire marcher arrière. Christine Albanel aura bien du mal alors à accepter le fait que l’industrie qu’elle défend comme la prunelle de ses yeux soit soumise au diktat des télécommunications.
Seulement, avec la notion de licence globale plane celle de musique gratuite et toutes les psychoses qu’elle traîne avec. Pourtant, ce qui se dégage des fournisseurs d’accès semble bien se diriger sur cette voie. Mais non. La ministre de la culture la considère comme une « fausse piste » semée « de nombreux obstacles juridiques et techniques. » Des obstacles, il y en a sûrement. Mais mieux vaut prendre le taureau par les cornes dès le début plutôt qu’une fois emporté dans son élan.
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