Henri Salvador n’est plus. Le rire du chanteur ne se fera plus entendre que dans les rétrospectives. Il est décédé mercredi d’une rupture d’anévrisme, a indiqué ce matin Polydor, son label filiale d’Universal Music. Il était né le 18 juillet 1917 en Guyane, et avait fait ses adieux à la scène lors d’un dernier tour de chant au Palais des Congrès, il y a seulement quelques semaines, en décembre 2007.
Nous n’avons rencontré Henri Salvador qu’une seule fois. C’était à l’occasion de la soirée de lancement du site Lestelechargements.com, cofinancé par le ministère de la Culture et des organisations de l’industrie culturelle pour lutter contre la licence globale, en plein débat sur la loi DADVSI. « On m’a dit de venir, qu’il y aurait des petits fours et des cocktails », nous avait confié en substance le chanteur, qui n’avait aucune idée de la raison de sa présence au Palais de Tokyo ce soir là. Ca n’était évidemment pas sa faute. C’est comme ça que marche l’industrie du disque. Le chanteur est un accessoire, et lorsqu’il s’agit de faire du lobbying, faire acte de présence dans les soirées organisées par le label fait partie du job. Pourvu qu’il y aient petits fours et cocktails.
Après sa mort, Salvador sera plus exploité que jamais par Universal. Ca ne sera pas une première. Nous l’avons vu notamment à l’occasion du décès de Grégory Lemarchal, qui a sauvé les résultats d’Universal en 2007. Nous écrivions à cette occasion :
« La mort du chanteur de 23 ans atteint de mucoviscidose a permis au Téléthon de redyamiser ses dons, mais aussi à Universal de renflouer ses caisses. « 6 références, soient 2 singles, 3 albums et 1 DVD musical, contribuent pour 4,9% au chiffre d’affaires du marché du support musical », note l’Observatoire. On avait probablement pas vu ça depuis Dalida. Heureusement, il reste Henry Salvador en stock. A 90 ans, l’investissement devrait bien finir par faire jackpot (ben quoi ? autant être cynique jusqu’au bout, non ?). »
Nous y sommes. Guettez les sorties de best-of, de compilations « hommage », et autres intégrales en 20 CD. Le business de la mort est une triste réalité qui s’éveille à chaque décès d’un artiste majeur. Une exploitation post-hume dérangeante, encouragée par un droit d’auteur qui fait perdurer les droits au profit des ayant droits jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur, ou 50 ans après la mort du chanteur. Couplée à l’inévitable émotion populaire, la recette du succès financier post-mortem est inmanquable.
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