La censure de BitTorrent par le fournisseur d’accès américain Comcast n’a pas fini de faire du bruit. En octobre dernier, on a vu les premières rumeurs émerger. D’abord relayées de manière informelle sur divers forums, c’est l’EFF (Electronic Frontier Foundation) qui, par ses tests, a été le premier à apporter un certain crédit au filtrage effectué par Comcast. Le fournisseur d’accès niait. La colère gronde alors chez les entreprises qui en utilisent la technologie, et Vuze, la plateforme commerciale d’Azureus, porte plainte à l’encontre du FAI.
Depuis les choses ont un peu bougé. Comcast s’est rendu à l’évidence ; il ne pouvait plus continuer de rejeter en bloc une réalité qui sautait aux yeux de tout le monde. Pour autant qu’il avoue le filtrage de BitTorrent, il ne le présente non pas comme une mesure destinée à cibler la nature controversée des fichiers qui y circulent (la technologie reste malgré tout majoritairement utilisée pour les échanges pirates), mais comme un moyen de limiter les abus de bande passante.
« C’est entièrement basé sur le niveau de trafic d’une région » explique un porte-parole de Comcast. « Nous ne connaissons pas la nature du trafic dans cette région, mais quand il atteint un niveau qui commence à dégrader la connexion des autres utilisateurs du coin, nous devons nous occuper de leur taux d’émission. » Comcast se réfugie derrière le rejet des lois sur l’extension de la neutralité sur le Net par la chambre des députés américaine il y a deux ans de cela. La règle en la matière, c’est que le fournisseur doit laisser ses clients utiliser n’importe quelle application qu’il souhaite, du moment qu’elles soient sujettes à une « gestion raisonnable du réseau. »
Mais BitTorrent ne l’entend pas de cette manière. Selon Eric Klinker, responsable technologique de la société, cet argument sert de prétexte pour cacher des visées beaucoup plus pernicieuses et anti-compétitives. Il estime que ce filtrage « n’affecte pas seulement BitTorrent mais aussi les centaines de sociétés qui utilisent la technologie. »
« Comme plus de spectateurs font la transition vers le Web » explique CNet, « l’argument consiste à dire que Comcast perdra sa position enviable et lucrative de gardien du contenu de la télévision par câble et deviendra un simple fournisseur de bande passante parmi d’autres, avec des marges plus maigres. » En effet, Comcast n’est pas seulement fournisseur d’accès, mais aussi actionnaire majoritaire de nombreuses chaînes de télévision par câble. Jay Monahan de Vuze abonde en ce sens : « Ca devient gênant quand le FAI est un [de vos] concurrents. »
Comcast a compris qu’il ne pouvait pas opposer aux flux de peer-to-peer l’argument de l’illégalité, maintenant que des firmes comme BitTorrent ou Vuze concluent des accords avec les studios. Mais le FAI semble profiter sans scrupules de son droit de limiter la bande passante car il sait que cela handicape en priorité les plateformes vidéo basées sur une technologie peer-to-peer, des plateformes qui lui font concurrence. « Le filtrage que nous constatons des FAI touche directement nos utilisateurs » explique Nicholas Reville, co-fondateur de Miro. « Nous devons absolument avoir une législation plus stricte en matière de neutralité sur le Net. »
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