Les vidéos en Flash sont désormais omniprésentes sur Internet. Qu’elles soient sur YouTube, sur Dailymotion ou même sur Numerama, la quasi totalité des vidéos aujourd’hui diffusées sur les pages web le sont au format Flash. Standard de fait, le format du géant Adobe réserve toutefois une mauvaise surprise dont met en garde l’Electronic Frontier Foundation : les DRM.

Les logiciels comme VDownloader, VideoDownloader ou même le dernier RealPlayer permettent de télécharger facilement les vidéos en Flash que l’on trouve sur de très nombreuses plateformes et sites Internet (Dailymotion, Youtube, Google Video, Kewego, Revver, iFilm, Metacafe…). Grâce à son intégration naturelle aux navigateurs, le format récupéré par Adobe lors du rachat de Macromedia s’est imposé comme le standard de fait de la diffusion de vidéos sur Internet, et il est jusqu’à présent très simple de télécharger les vidéos pour les regarder hors-ligne, pour les archiver ou pour les remonter. Autant d’activités qu’autorisent à la fois le droit à la copie privée en France et le « fair use » américain. Mais ce temps sera peut-être bientôt révolu.

L’Electronic Frontier Foundation (EFF) met en garde sur son site contre l’avènement des DRM sur le format Flash d’Adobe. L’activiste Seth Shoen rappelle ainsi que « la version 9 de son Flash Player et la version 3 de son logiciel Flash Media Server » introduisent pour la première fois des restrictions par DRM. « A la place d’un téléchargement ordinaire par le web, ces programmes peuvent utiliser un protocole propriétaire d’Adobe, secret, pour communiquer entre eux, crypter les communications et renfermer les lecteurs et outils vidéos qui ne sont pas des logiciels Adobe ». Les plateformes comme Dailymotion ou Youtube ont simplement à installer sur leurs serveurs Flash Media Server (à 4.000 $ la licence de base), et à imposer Flash Player 9 ou attendre qu’il s’impose de lui-même. Pour plaire aux ayant droits et protéger leurs propres contenus, elles ne devraient pas hésiter à sauter le pas, même si en pratique le bénéfice serait quasi nul.

Selon Shoen, Adobe ne se fait pas tellement d’illusion sur l’efficacité technique de son DRM pour lutter contre le piratage, mais mise plutôt sur son efficacité juridique dans la lutte contre d’éventuels concurrents. Aux Etats-Unis depuis le DMCA de 1998 et en France depuis la loi DADVSI, il est en effet interdit de créer un outils de contournement des mesures techniques de protection. Or aucun lecteur ou téléchargeur de vidéos Flash ne pourrait fonctionner sur des vidéos protégées sans contourner lesdites protections. Un logiciel open-source comme Gnash serait purement et simplement radié. C’est donc une arme anticoncurrentielle avant tout.

De plus, l’insécurité juridique devient totale pour les utilisateurs. La copie privée ou le fair-use ne sont plus assurés, puisqu’il suffit de poursuivre en justice la violation des systèmes de protection mis en place, sans regarder le but poursuivi par celui qui a contourné les protections pour télécharger ou éditer la vidéo protégée. Le simple fait de contourner les DRM est une violation de la loi.

En France, l’autorité de régulation des mesures techniques doit veiller à l’articulation entre l’exercice de la copie privée et la protection des DRM, mais l’équation semble bien difficile à résoudre… C’est pourtant une question essentielle de politique culturelle.

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